Dans un poème très expressif, qui d’une certaine façon fait écho à l’Evangile de ce 8ème dimanche ordinaire sur l’appel du Christ Jésus à la confiance en Dieu, Charles Péguy évoque la triste situation de ceux, dont le souci de trop bien gouverner leurs affaires le jour, les empêche de dormir la nuit.
Texte à méditer, surtout lorsque l’inquiétude nous gagne.
Joseph Le Gall, eudiste
« On me dit (déclare le Seigneur) qu’il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal, qui ne dorment pas. Quel manque de confiance en moi !
C’est presque plus grave que s’ils travaillaient mal, mais dormaient bien, que s’ils ne travaillaient pas mais dormaient, car la paresse
n’est pas un plus grave péché que l’inquiétude et que le désespoir et le manque de confiance en moi.
Je ne parle pas, dit Dieu, de ces hommes qui ne travaillent pas et qui ne dorment pas, ceux-là sont des pécheurs, c’est entendu. C’est bien fait pour eux. Des grands pécheurs. Ils n’ont qu’à travailler. Je les plains.
Je parle de ceux qui travaillent et ne dorment pas. Je parle de ceux qui travaillent, et qui ainsi en ceci suivent les commandements, les pauvres enfants. Et d’autre part n’ont pas le courage, n’ont pas la confiance, ne dorment pas. Je les plains, je leur en veux, un peu. Ils ne me font pas confiance.
Comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère, ainsi ils ne se couchent pas innocents dans les bras de ma Providence. Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire. Ils ont la vertu de travailler. Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire. De se détendre. De se reposer. De dormir. Les malheureux, ils ne savent pas ce qui est bon.
Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit, comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit. »
Et Péguy de conclure : « Celui qui ne dort pas est infidèle à l’espérance ».
Charles Péguy dans « Le Porche du Mystère de la deuxième vertu »
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