Deutéronome 18, 15-20
Psaume 95 (94)
I Corinthiens 7, 32-35
Marc 1, 21-28
Dans l'Évangile de ce 4ème dimanche, l'évangéliste Marc nous fait mieux connaître Jésus en nous montrant 2 actions caractéristiques de sa mission: 1° il enseigne ; 2° il libère des esprits mauvais.
Comme à sa suite, l'Eglise continue la mission de Jésus.j'ai donc à faire cela, moi aussi, chaque jour, avec Jésus. Je dirais que c'est ma journée comme chrétien, chrétienne.
Jésus enseigne
Marc ne nous rapporte pas ce que Jésus disait, mais il voit que «tous sont très étonnés par sa façon d'enseigner.» (v.21) Jésus est la Parole de Dieu qui se révèle aux hommes et femmes de ce monde. Il en impose, parce qu'il ne répète pas des phrases apprises par coeur, mais qu'il parle d'expérience. Il est le «Témoin » du Père. Il est un homme qui ne dit pas n'importe quoi, mais qui parle de choses sérieuses et qui nous met en contact direct avec Dieu..
En lisant cet Évangile, je me demande encore une fois: Suis-je moi-même "un maître de la loi» ou suis-je quelqu'un d'engagé, qui parle de ce qu'il vit, qui a intériorisé la Parole de Dieu en la faisant vraiment mienne ?
Jésus libère
Jésus-Christ est venu pour rendre les gens plus libres, plus autonomes, plus en mesure de porter du fruit.
C'est pour ça que Marc nous présente ensuite, comme premier miracle, une expulsion du démon. Quand Jésus déclare à quelqu'un que le Règne de Dieu est arrivé avec lui, (l'évangile de dimanche dernier) c'est que vient aussi la fin d'un autre règne, celui de Satan. Pour lui, c'est un être personnel et spirituel, intelligent et pervers, sournois et redoutable.
Vous et moi, on reconnaît qu'une partie du mal de l'univers vient de causes naturelles, d'accidents qui ne dépendent pas de nous. La création n'est pas achevée... n'est pas parfaite. Nous accusons Dieu parfois d'avoir fait un monde mal bâti ... c'est que nous oublions au fond que l'ensemble du plan de Dieu ne se réalise pleinement que dans l'au-delà. Il nous a dit «Mon Royaume n'est pas de ce monde». Un peu comme si nous reprochions à un constructeur d'une maison, la vase et les ferrailles du chantier en construction, sans attendre la maison achevée. Ce premier mal qui vient de l'imperfection et de l'inachèvement du monde, nous devons tout faire pour lutter contre.
Mais il y a surtout un autre niveau du mal, c'est le péché. Non plus le mal que nous subissons, mais celui que nous faisons. Chaque fois que librement je dis «non» à Dieu, j'augmente le mal de notre monde déjà bien rempli d'imperfections naturelles.
Il faut pourtant aller plus loin et reconnaître en nous, et autour de nous, des forces obscures qui nous dépassent, et que Jésus vient vaincre.(Jésus en parle 23 fois dans les Évangiles et saint Paul insiste aussi). Ill faut évidemment nous libérer de certaines images qu'on nous présentait du diable dans notre enfance. Mais une fois qu'on a dit cela, comment être assez aveugle pour ne pas voir ce mal qui nous domine, et dont nous ne sommes pas totalement responsables:ces orgueils démesurés, ces tortures sadiques (un confrère prêtre dans une prison d'Argentine), ces folies d'argent ou de sexualité aberrante qui souillent notre humanité, ces froides violences…(Auschwitz:70 ans, cette semaine.).
Sans vouloir me confesser devant vous, je me demande où se réalise cette libération en moi? Je vous dis que j'ai mes propres «démons»( je suis certain que vous avez les vôtres, aussi). Peu importe d'où ils viennent, mais je sens qu'ils me font du tort, qu'ils me dérangent dans ma vie et privent souvent les autres de ce que j'ai de mieux. J'ai mes obsessions, mes rancoeurs, mes paresses, mes refus de transparence et d'honnêteté,mes mauvais désirs et j'en passe... Je crois que c'est ce qu'a compris Marc et qu'il essaie de me transmettre par son récit d'exorcisme?
Devant cela, il faut nous demander si je suis prêt à vivre ma vie chrétienne, avec Jésus, comme un grand combat libérateur? Je ne dois pas me surprendre d'être l'objet du déchaînement de forces adverses, dans la mesure où je reste fidèle à Jésus. De quel mal ai-je à me libérer et à libérer ?
Dans le sacrement de notre baptême, nous avons été "exorcisés" par Jésus. Et ce signe sacramentel est actualisé dans chaque eucharistie où Jésus nous parle et nous délivre du mal.
Finalement, en relisant encore le texte de l'Évangile,il est dit que Jésus «n'enseigne pas comme les maîtres de la loi, il le fait avec l'autorité que Dieu lui donne» (vv 22.27)
Jésus rejoint les gens par dedans... dans l'intérieur de leur vie. Il ne juge pas, ne condamne pas, mais redonne espérance et joie de vivre. Les auditeurs sont littéralement séduits par sa façon de faire et de s’exprimer : «Il parle avec autorité».
Qu'est-ce que ça veut dire? En latin, le mot autorité[1] veut dire: «faire grandir», «faire croître», «aider à se développer». Lorsque l’on parle d’autorité d'une parent, d'un père, d'une mère, on souligne la capacité des parents à faire grandir leurs enfants libres et pleins d’espoir pour l’avenir. C’est ce genre d’autorité que Jésus exerce, une autorité qui permet de grandir, une autorité de service. Il est venu pour rendre les gens plus autonomes, plus libres, plus en mesure de porter du fruit.
Jésus a laissé une impression profonde sur les gens autour de lui, non seulement parce qu’il proclamait un message nouveau mais aussi parce qu’il vivait ce qu’il prêchait et invitait les autres à faire de même
Et Jésus agit aujourd'hui encore :
• il enseigne par un message neuf, par une Parole qui fait autorité ;
• il libère par des «signes», par des sacrements qui nous sauvent.
C'est ce que nous vivons à chaque messe...
Amen!
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[1] La notion d’auctoritas, essentielle en droit privé et en droit public romains, se rattache, par sa racine, au même groupe que augere (augmenter),
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