jueves, 14 de enero de 2016

Il y a tant de choses que Dieu cherche à nous dire à la crèche…

La Nativité par Lorenzo Lotto, huile sur panneau de 1527. / BRIDGEMAN
La méditation de Noël par Mgr Luc Crépy, évêque du Puy-en-Velay.

Avec Noël, nous entrons dans le mystère de l’Incarnation. Nous sommes face à cet événement « incroyable », déconcertant pour beaucoup, source de méditation sans fin pour les croyants : Dieu se fait homme en Jésus et vient partager notre humanité dans tout ce qu’elle comporte de simple, de beau et de tragique.

Le Très-Haut s’incarne dans le Tout-Petit, l’Éternel prend corps dans un nouveau-né. « Dieu si grand… Jésus si proche », disait Pierre de Bérulle. Sans doute, au-delà des rumeurs de la fête et des cadeaux, faut-il réveiller en nous le « mystère » de Noël. Mystère ne signifie pas seulement ce qui est caché et indicible, mais toute la richesse et la beauté de la naissance du Christ. À travers ce petit enfant, il y a tant de choses que nous pouvons entrevoir du projet de Dieu… Ou mieux encore, il y a tant de choses que Dieu cherche à nous dire à la crèche… « Il n’y a rien de petit en un mystère si grand, et chacune de ces circonstances mérite toute notre attention », disait encore le fondateur de l’Oratoire.

« LA FÊTE DE NOËL PEUT ÊTRE EN QUELQUE SORTE UNE PORTE JUBILAIRE QUI OUVRE SUR UNE PLUS GRANDE COMPRÉHENSION DE LA MISÉRICORDE »

Lorsqu’ils regardent leur enfant qui vient de naître, les jeunes parents laissent défiler dans leur cœur – comme Marie gardant ses pensées en son cœur (Lc 2,19) – beaucoup d’images et de projets. Ils s’interrogent : que sera cet enfant ? que deviendra-t-il ? Et, tout à la joie de la présence du nouveau-né, ils osent rêver pour lui d’une société meilleure, d’une vie plus belle, d’un plus grand bonheur. Que ne souhaite-t-on pas à la naissance d’un enfant ! Ils contemplent leur nouveau-né avec amour et trouvent en lui la source d’une paix nouvelle, devant l’innocence d’une humanité dans ses commencements, d’une humanité à construire. Dans l’histoire humaine, de génération en génération, la naissance d’un enfant est l’espoir, sans cesse renouvelé, d’une nouveauté possible, de chemins meilleurs, d’un avenir différent. À Bethléem, la naissance d’un enfant ouvre définitivement la porte d’une espérance et la venue d’un monde nouveau.

Quand Dieu se fait homme, il naît d’une femme et entre en notre monde, silencieux et impuissant comme tout nouveau-né. Il est source de joie pour Marie et Joseph, et d’émerveillement pour les anges et les bergers. Dans la simplicité de la crèche, Dieu se révèle discrètement, dans la fragilité de l’enfant qui vient à la vie, dans la douceur du regard d’une mère, dans la sollicitude des parents. L’entrée en humanité de Dieu se fait dans l’ordinaire d’une famille et dans le quotidien d’une vie pauvre. La crèche qui accueille l’Enfant-Jésus nous dit beaucoup sur « l’humilité de Dieu » et le nouveau-né couché dans une mangeoire nous manifeste déjà le chemin que prendra plus tard l’Homme-Dieu, doux et humble de cœur. La joie de Noël naît ainsi, à la crèche, de cette heureuse révélation du visage de Dieu, un visage humain, un visage d’enfant que l’homme, pauvre de cœur, peut reconnaître. Parler de « Bonne Nouvelle » commence par la naissance de ce nouveau-né, à la fois pleinement homme et Dieu.

Le pape François, dans sa bulle d’indiction de l’Année de la miséricorde, un grand texte dans lequel il explique le sens du jubilé, affirme : « La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre » (Misericordiae vultus - M.V. –, n. 2). Qu’est-ce d’autre que Noël si ce n’est la manifestation de Dieu qui vient définitivement à la rencontre de l’humanité en se faisant homme, en devenant l’un des nôtres, en Jésus ? L’incarnation de Jésus qui unit l’humanité à la vie divine, est l’expression de la miséricorde de Dieu : « Lorsque est venue la” plénitude des temps” (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il (le Père) envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. » (M.V., n. 1).

Si la miséricorde de Dieu s’exprime ensuite au Calvaire et au cénacle de la Pentecôte, en un sens, tout est déjà contenu au moment de l’Incarnation. Ainsi, en ce début d’Année sainte, la fête de Noël peut être en quelque sorte « une porte jubilaire » qui ouvre sur une plus grande compréhension de la miséricorde, car l’Incarnation est acte de miséricorde divine.


Cependant la miséricorde reste souvent un mot abstrait ou incompris pour beaucoup de nos contemporains. Dans sa simplicité, Noël dit alors quelque chose de fort – de lumineux – par la naissance de l’enfant à la crèche. C’est une bonne nouvelle accessible à ceux et celles qui cherchent Dieu : ils rencontreront à la fois la douceur et la force du Christ, dans l’enfant qui ne parle pas encore mais qui les attend à la crèche.

Peut-être aussi sont-ils touchés par le regard de Marie, la mère de Dieu et la mère de Miséricorde : « Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme (…) : Marie ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus » (M.V., n. 24).

Mgr Luc Crépy (évêque du Puy-en-Velay)





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