Isaïe 62, 1-5
Psaume 96 (95)
1 Corinthiens 12, 4-11
Jean 2, 1-11
Quand je lis l'Évangile d'aujourd'hui. je me dis qu'il faudrait inviter tous les pessimistes aux « noces de Cana». De fait il y a encore beaucoup de personnes qui voient le christianisme comme "boring", presque l'ennemi de la joie, et pense que l'Église s'oppose au bonheur humain. Si ça était vrai, nous serions infidèles à l'esprit de Jésus.
Le premier miracle de Jésus,dans saint Jean, son premier signe... ce fut de redonner six cents litres de bon vin à un repas de mariage : Jésus lance un défi à la tristesse, et une belle et joyeuse invitation à vivre notre vie spirituelle en plénitude.
Le vrai Dieu n'est pas celui qu'on invente, c'est celui de Jésus Christ, c'est le Dieu des noces de Cana: Dieu du bonheur... du bonheur d'aimer... et d'aimer sans mesure.
Bonheur!
Nous savons bien que nous aspirons toutes et tous à être heureux. Or, d'où nous vient ce désir ? Qui est celui qui l'a mis au plus profond de nos coeurs ? Le créateur, l'inventeur de ce désir qui brûle au fond de chacun de nous, c'est Dieu. Il nous a faits pour la joie, et une joie infinie, la sienne. Car Dieu est l'être infiniment heureux.
En redonnant du vin quand celui-ci venait à manquer, Jésus s'est montré le complice de notre désir: Il n'est venu dans le monde, au fond, que pour faire réussir notre joie, au-delà même de nos espérances... Il a été envoyé par Dieu pour assurer le plein succès de la « noce »... un mariage d'amour entre Dieu et l'humanité.
Bonheur d'aimer!
L'image des noces est clair: pour être heureux, il suffit d'aimer et d'être aimé. Et ce vin qui, soudain, se met à manquer en plein milieu d'un mariage, c'est le symbole de l'amour qui, hélas, finit parfois par s'épuiser, dans nos couples, dans nos groupes, dans nos familles.
Or, on ne peut pas vivre sans amour. Jésus est celui qui vient Se proposer pour nous en redonner.
On parle souvent que de nos jours, il y a une crise du mariage, de la famille comme pour nous dire que ça va mal du côté de l'amour. On pourrait regarder des statistiques mais ce n'est pas nécessaire. On connaît tous des tristes situations vécues soit par nous-mêmes, par des proches, par des amis...Et on dit: c'est la condition humaine, en une sorte d'aveu de désillusion.Ça me fait penser à la chanson " Qu"il est difficile d'aimer..."
Bonheur d'aimer sans déclin !
L'Évangile vient nous répéter une évidence. Si l'usure, le fini,... sont la caractéristique de l'homme, Dieu, Lui, se caractérise par la solidité, l'infini, la perfection toujours neuve.
Or, la merveille, c'est que Dieu, en Jésus Christ, propose de faire "Alliance avec l'être humain"... Rappelons-nous ce qu'on dit à la consécration: c'est le «vin de la Nouvelle Alliance»...
En la personne même de Jésus,Dieu a épousé l'humanité, pour la diviniser, pour la transformer, pour changer notre eau banale et fade, en vin généreux et bon.
De plus, Jésus est venu faire du mariage un sacrement, pour ceux et celles qui le lui demandent: Il prend l'eau qu'on lui apporte, et Il la change en vin... Il prend nos projets humains tels qu'ils sont, avec leur faiblesse et leurs risques d'épuisement à long terme... et Il y infuse son propre amour divin.
Boire à la coupe de la « Nouvelle Alliance», boire le vin que Jésus donne, c'est boire à la source de l'Amour infini, cet amour divin qui est capable, lui, de tout donner, jusqu'au bout, sans aucun déclin.
Un détail qui m'a toujours frappé...
600 litres de Valpolicella ou de ce vin que vous préférez, vous imaginez ce que ça fait ? Quand Dieu donne, il donne pleinement, il fait ça en grand, il ne lésine pas, C'est comme cela qu'il crée, dans la surabondance et la profusion, des milliards d'étoiles et des milliards de pâquerettes, et pas une exactement pareille à une autre, et des milliards d'êtres humains, chacun unique et son bien-aimé. Et c'est comme ça qu'il sauve, en nous donnant son Fils unique qui se donne en surabondance durant toute sa vie terrestre et jusque sur la Croix. Et c'est comme ça qu'il nous donne ses grâces à chaque jour, « une bonne mesure tassée, secouée, débordante », comme dit saint Luc (6,38), si nous lui présentons un grand plat – et quand il multiplie nos quelques pains, tout le monde mange et il reste toujours des corbeilles en plus ! Car c'est la plénitude de sa vie divine qu'il veut nous donner.
En terminant cette méditation, nous voyons bien que le christianisme n'est pas l'ennemi du bonheur et
de l'amour humain. Au contraire, Jésus propose le bonheur parfait, un bonheur durable, solide... et même un bonheur capable de renaître et de repartir si l'amour, un moment, semblait commencer à manquer.
Pour cela, une seule condition, que Marie indique aux serviteurs: «Quoiqu'il vous dise, faites-le » Seul Dieu peut donner ce qui est au-delà de nos possibilités humaines: son propre Amour, sa propre Vie, son propre Bonheur.
Le bon vin c'est pour maintenant! Quand on croit que tout est fini, c'est alors que tout peut être renouvelé, J'ose regarder mes ennuis, mes désespoirs, peut-être... les points de ma vie où je suis tenté de dire: c'est fini!
Puis-je entendre et mettre en œuvre dans ma vie la parole de Marie : « Quoiqu'il vous dise, faites-le » ?
Quelle est « l'eau » que j'apporte à Jésus pour qu'il la change en vin ?
Est-ce que je regarde toujours le verre à moitié vide ou suis-je capable de m'émerveiller du « bon vin » que Dieu a fait couler dans ma vie, ou de la surabondance de la Création ?
La reproduction
"Les Noces de Cana" de Véronèse, (1563) Louvres.
Appelé à Venise en 1553, Véronèse ne cessera d'exercer son talent de décorateur, apte à brosser d'immenses toiles où s'allient l'autorité scénographique, la somptuosité des costumes modernes et l'éclatante luminosité du coloris.
Les Noces de Cana ornaient le réfectoire construit par Palladio pour les Bénédictins de l'île de San Giorgio Maggiore. L'épisode sacré est transposé, avec une liberté iconographique souveraine, dans le cadre fastueux d'une noce vénitienne.
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