Jérémie 31, 31-34
Psaume 51(50)
La Lettre aux Hébreux 5, 7-9
Jean 12, 20-33
On peut se poser quelques questions à propos des textes qu'on vient d'écouter...et je vois deux relations entre les lectures:
1.Il y a un rapprochement possible entre la 2ème lecture ( La lettre aux Hébreux) et l'Evangile de Jean, même si les deux textes ont des "tons" très différents. Quel rapprochement ? Et quelles différences ?
2.Qu'est-ce que la "Nouvelle Alliance" annoncée par Jérémie, dans la Première lecture, a de "nouveau"? En quoi pourrait-on considérer que, dans l'Evangile, Jésus réalise cette nouveauté, et en même temps la dépasse ?
Jésus dit: «Maintenant, mon cœur est troublé. Est-ce que je vais dire : “Père, sauve-moi de ce qui va arriver en ce moment” ? Mais c'est pour cela que je suis venu, pour ce moment.»(v 27)
Ces versets éveillent-ils un souvenir en vous? De même dans le passage de la lettre aux Hébreux (2ème lecture), "sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort..." Vous brûlez ? Oui, ces deux passages sont en quelque sorte l'équivalent des récits de l'agonie du Christ à Gethsémani, chez Luc, Marc et Matthieu. Avec le double mouvement :
+ de la prière de Jésus pour que "l'heure"(ce moment) (Jean) ou la "coupe (Luc, Marc, Matthieu), c'est-à-dire "la mort", s'éloigne de lui ;
+ et l'acceptation de la volonté du Père : Mais c'est pour cela que je suis venu, pour ce moment.Père, rends ton nom glorieux. »(v.28)" (c'est la manière de Jean de dire: "non pas comme je veux mais comme tu veux", autrement dit , "parce qu'il s'est soumis en tout".
Le passage de la Lettre aux Hébreux (2ème lecture) est aussi tragique que l'agonie racontée par Mt-Luc-Marc. Je dirais même que plus douloureux : la "supplication" a lieu "avec un grand cri et dans les larmes..." L'auteur va jusqu'au bout de la logique de l'Incarnation. Le Christ totalement Homme a peur de la souffrance et de la mort, et le Fils incarné doit apprendre dans sa chair "l'obéissance par les souffrances de sa Passion". Il devient ainsi l'homme parfait, qui dans sa "perfection", sa plénitude, peut rassembler en lui tous les hommes et femmes, "ceux et celles qui lui obéissent" à leur tour, qui lui sont fidèles, pour leur donner le "salut éternel".
Pour Jean, la Croix est inséparable de la Gloire. Le "moment" qui "est venu", l'Heure de la Passion, est le
moment "pour le Fils de l'homme d'être glorifié". Pas seulement parce que la Croix aboutit à la Résurrection, mais parce qu'elle manifeste jusqu'où va l'amour du Père et celui du Fils pour les hommes et femmes. Jésus s'exclame : "Père, rends ton nom glorieux.", (v.28)et le Père répond : "« Je l'ai déjà rendu glorieux, et je le rendrai glorieux de nouveau. »(i.e. par sa mort et sa résurrection )" La Croix n'est pas seulement "élévation" au sens physique que peut avoir ce terrible supplice, elle est "élévation" vers le Père, en Jésus, de toute l'humanité : «Et moi, quand on me placera en haut, au-dessus de la terre, j'attirerai à moi tous les êtres humains. »
Si différents qu'ils soient, ce passage de la lettre aux Hébreux et cet Evangile sont tous deux une méditation sur le Mystère de Dieu qui s'est fait homme, et sur le Mystère pascal. "Mystère", c'est-à-dire réalité insondable, que nous n'aurons jamais fini de creuser ; il n'est donc pas étonnant que les points de vue puissent être différents.
"L'Alliance" annoncée par Jérémie est "nouvelle" en tant qu'elle va plus loin que l'Alliance scellée par une Loi extérieure à l'homme, qu'elle est intérieure: "Je mettrai ma Loi au plus profond d'eux-mêmes ; je l'inscrirai dans leur coeur." Cet aspect des choses ne se retrouve pas dans le passage de Jean, mais on y retrouve, comme dans la suite de la prophétie de Jérémie, l'idée d'une relation personnelle de chacun, chacune avec Dieu : "Ils n'auront plus besoin d'instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère...Car tous me connaîtront,des plus petits jusqu'aux plus grands..." Certes, ces Grecs passent par deux Apôtres (parlant leur langue,on le suppose) pour "voir Jésus", mais Jésus ensuite s'adresse directement à celui qui veut devenir son disciple, il lui propose une relation personnelle avec lui : "Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera..."
Et le Père se manifeste par une voix que chacun entend, même si certains ne comprennent pas, Jésus explique :
"Ce n'est pas pour moi que cette voix a parlé, c'est pour vous."
Ici, Jésus va plus loin que l'accomplissement de la Nouvelle Alliance annoncée par le Prophète Jérémie. Cette Alliance était, comme l'Alliance du Sinaï, conclue avec "la Maison d'Israël"...les Juifs. Mais ici, ces Grecs qui veulent "voir Jésus" sont des païens convertis à la foi d'Israël (mais pas forcément à toutes ses pratiques religieuses), des "craignant-Dieu". Ils commencent à réaliser la prophétie de Jésus : "j'attirerai à moi tous les humains", qui s'élargira après Pâques, quand Paul et les autres Apôtres iront prêcher la Bonne Nouvelle "à toutes les nations", annonce de l'ouverture de l'Eglise, de l'universalité du salut proposé jusqu'à nous ici. Rappelons-nous la consécration où le prêtre dit: "Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et eternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés...
Frères et soeurs, Avec l'aide du Saint-Esprit, posons-nous quelques questions en face de ces texts, en pensant à la bienveillance de Dieu:
+ Dans le cri et la supplication de Jésus en agonie, je peux entendre les cris de tous mes frères et soeurs devant la mort, la leur ou celle de leurs proches, et peut-être le cri de révolte qui monte en moi.Est-ce que je les écoute?
+ Dans sa Croix, je peux voir la Gloire du Père, cette Gloire qui n'est pas tissée de puissance et de pouvoir, mais d'amour et de tendresse, pour Jésus, pour moi, et pour tous mes frères et soeurs souffrants ou heureux.
Est-ce que je sais reconnaître l'amour ,la bienveillance que Dieu a pour moi?
No hay comentarios:
Publicar un comentario