II Chronique 36, 14-16.19-23
Psaume 137 (136)
Ephésiens 2, 4-10
Jean 3, 14-21
Contrairement à d'autres dimanches, où l'Évangile nous raconte un fait de la vie de Jésus, aujourd'hui, saint Jean nous invite à « regarder » la croix. Il nous faut oser contempler le Crucifié et l'adorer.
Ce regard vers notre sauveur est un regard de foi et de confiance, un regard d’amour qui nous attache à lui.
Voilà l’enjeu de notre carême: Lever les yeux vers le Seigneur alors que si souvent, nous regardons ailleurs, attirés par tout ce qui nous tente et nous aveugle. En nous tournant vers le Christ, nous accueillons la guérison et la vie. C'est ce que symbolise le serpent cloué sur le bois (v.14) Il est signe de la victoire de Dieu sur le mal, signe de son amour qui veut guérir et sauver tout être humain.
La croix est le fruit du mal et de la haine de ceux qui ont rejeté Jésus. Mais Jésus a préféré livrer sa vie plutôt que de détruire ceux et celles qui le rejetaient.
Ainsi, en renonçant à faire violence et en choisissant de «donner sa vie», Jésus, est devenu le chemin par où Dieu nous transmet sa miséricorde. Sur la croix, Jésus est l'image la plus parfaite de Dieu et de son amour. Ce Dieu-Père de Jésus, qui se révèle sur la croix, est le Dieu qui n'est qu'amour. Il nous parle de l’amour de Dieu pour sa création. Il aime d’un amour passionné tous les hommes et femmes de la terre, même ceux et celles qui sont rebelles et infidèles à son alliance. La mort de Jésus est un don d'amour, et c'est pourquoi elle est source de pardon. Seul celui qui aime peut recevoir la force de pardonner. Le cœur de Jésus n'a jamais connu le mal et il s'est gardé dans l'amour jusqu'à la mort : c'est pourquoi sa mort peut devenir un don de vie pour les autres.
Cet amour du Père va jusqu’au don de son Fils bien aimé. Son grand projet, c’est que le monde soit sauvé. Mais quand nous regardons ce monde dans lequel nous vivons, nous découvrons les guerres, les pollutions, les maladies, le chômage, la pauvreté qui sont des fléaux bien présents sur notre terre. Nous prions souvent pour en être délivrés. Mais nous oublions peut-être que nous avons été sauvés de grands dangers sans penser à rendre grâce. Notre Dieu nous donne les moyens de voir clair dans les moments difficiles, d’éviter les erreurs et nous sortir d’un mauvais pas.
Mais c'est aussi un Dieu qui ne peut s'imposer, car on ne peut imposer ou « acheter » l’amour. C'est au contraire un Dieu qui s'est exposé au refus de l'être humain. Un Dieu qui attend éternellement notre consentement sans jamais se lasser. Un Dieu veut nous sauver de notre propre destruction qui est de ne pas aimer.
Au contraire, celui qui n'a de relation avec Dieu qu'à travers les lois, les obligations et les interdits, celui qui vit sa relation avec Dieu comme avec un Dieu dangereux, celui-là ne peut venir à la lumière que lui propose Jésus, pour qui cette vision d'un Juge -qui ne peut être Père- est le péché le plus grave.
Notre Dieu n'est pas une limite, n'est pas une menace, n'est pas une vengeance, mais l'Amour qui attend éternellement le consentement de notre réponse libre et aimante. Le Bien est Quelqu'un, le Bien est une Personne, le Bien est une Vie.... Toute la sainteté est là : laisser vivre ce Dieu en nous. Le bien, c'est nous quand on dit un « oui » ouvert et confiant ; le mal, c'est nous en état de « non » replié et anxieux.
Ce regard de foi que nous sommes invités à porter vers la croix aujourd"hui,nous évitera de céder au pessimisme.
Dieu nous a tout donné pour que le monde soit sauvé. Mais il nous rappelle aussi qu’il ne nous sauvera pas sans nous. Il attend de nous que nous agissions selon la vérité, que nous luttions contre le mensonge et le mal pour que la Lumière de la Vie brille en nous et dans le monde. Comme nous le rappelle Saint Jean, nous sommes invités à venir à la Lumière.
Chaque année, pendant le carême, des hommes, des femmes et des enfants s’efforcent de répondre à cet appel. Ils prennent past à des campagnes pour aider les plus pauvres à sortir de leur misère et à se prendre en charge. Nous sommes loin du « grand jour », mais ces petites lumières percent la « nuit ». Là où semblait triompher l’échec et la condamnation, Dieu fait jaillir la Lumière et la Vie. Accueillons cette Lumière pour qu’elle rayonne en nous et autour de nous et soyons bienveillants comme Lui.
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