11 octobre 2015
Sagesse 7, 7-11
Psaume 90 (89)
Hébreux 4, 12-13
Marc 10 17-30
Nous venons d'écouter l'Évangile...Voici donc ce qu’on peut appeler un « bon homme ». Il ne vole pas, il ne boit pas, il ne fume pas... Bien des mères se contenteraient d’un si bon fils ou les femmes d'un si bon mari...
La question qu’il pose, révèle qu'il a un coeur ouvert : « Maître, que faut-il faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » (v.17). Saint Marc note que Jésus « se mit à l’aimer », avant de lui dire : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, et suis-moi ». (V.21) Quelle exigence !
Nous savons que Jésus ne rejette pas l’usage de l’argent. Les saintes femmes qui le suivaient et pourvoyaient de leurs deniers à ses besoins, sont là pour le prouver. Marie, soeur de Marthe et de Lazare n’hésite pas à « gaspiller » pour son ami un parfum que Judas - faisons lui confiance sur ce point ! - estime valoir « 300 deniers », c’est-à-dire environ $1.000 Dollars. C’est beaucoup pour un flacon de parfum ! Jésus, enfin, ne refuse pas des invitations à dîner de la part de riches pharisiens et de riches publicains. Alors, sur quoi porte sa condamnation ?
Jésus critique ceux et celles qui ne savent pas maîtriser leurs richesses. Il blâme l’attachement aux biens. Il condamne ceux et celles qui s’en rendent esclaves. Il critique l’avare. L'homme posait une bonne question, mais en se trompant de verbe : « Que faut-il faire pour AVOIR (Obtenir) la vie éternelle ? » Tant qu’on reste au niveau de l’avoir, on ne peut arriver au Royaume de Dieu On n’accède à la vie que dans le partage. Parce que partager, c’est adopter les manières de Dieu. Dieu partage tout ce qu’il a et tout ce qu’il est. «Viens, et suis-moi », « qui suis le Dieu bon sur ta route. Moi, qui marche devant toi, je vais te rendre possible ce partage.
A la manière de Pierre et d’André, qui ont laissé leur filet, de Jacques et de Jean qui ont quitté leur père et ses salariés, à la manière de Matthieu qui a lâché son bureau de perception, Jésus t’invite à le suivre et te rendra possible ce qui est impossible aux hommes ».
L'histoire nous dit qu'et 'il s'en alla tout triste, car il avait de grands biens." Un homme partagé, et un homme qui n'a pas compris que le Royaume ne se gagne pas en accumulant du "faire", mais en se débarrassant de "l'avoir", pour donner vraiment du sens à sa vie.
Nous savons bien que la folie de la consommation ne rend personne heureux. Le seul bonheur c’est d’aimer et d’être aimé. Et l’argent doit servir à cela. Il est un bon serviteur, mais si l'argent devient le maître de quelqu'un, il est le plus tyrannique des maîtres. Lorsqu’il sertà sacrifier des vies humaines, à refuser un salaire décent aux travailleurs, cet argent est mauvais.
Les efforts des économistes, des sociologues, des chercheurs et des politiques sont voués à l ’échec s’ils ne sont pas accompagnés d’une conversion des coeurs qui vient du Seigneur. Telle est cette sagesse dont nous parle la première lecture:« Tout l’or du monde, auprès de la sagesse, n’est qu’un peu de sable »(v.9). Et tel est le message du Pape François face à la situation de notre temps. Un vieux proverbe affirme avec clairvoyance : « On a que ce qu’on a donné ». Jésus lui-même, dit : dans une parole rapporté au livre de Actes des Apôtres : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir »( 20,35).
Donc selon l'évangile, impossible de devenir humain seul, et impossible de devenir humain sans un rapport équilibré aux richesses, à l'argent.
Chercher la perfection se fait:
- dans l'aujourd'hui de la vie.
- en compagnie d'autres gens intéressés à vivre dans la même direction.
- dans le partage des richesses que la vie peut offrir...
- en éprouvant l'opposition des riches qui sentent leur trésor menacé...
- dans l'espérance d'un devenir qui aura du sens à jamais.
En cette fête de l'action de grâce, remercions Dieu de nous inviter au dépassement, de croire assez en nous pour nous savoir capables de retours, de recommencements, de dépassements.
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