Psaume 19(18), 8,10,12-13, 14
Jacques 5, 1-6
Marc 9, 38-43. 47-48
Décidément, si on veut être fidèle à la pensée de Jésus, on doit bien écouter ce qu'il nous dit aujourd'hui. Car il semble que dans la même page, Marc a rapproché deux attitudes apparemment contraires de Jésus: d’une part une très grande largeur de vue, de l’autre une rigoureuse exigence.
1.Une immense largeur de vue, grande bienveillance...
Un jour, donc, les apôtres viennent se plaindre à Jésus parce qu’ils avaient vu quelqu’un « chasser les esprits mauvais» (v.38) sans appartenir à leur groupe. C’est une réaction très humaine de vouloir conserver un certain monopole de l’action apostolique. Nous sommes naturellement portés à nous méfier de ceux et celles qui ne sont pas de notre bord, de notre gang...
Et nous voyons bien que le sectarisme (l'intolérance) n’est pas d’aujourd’hui. Déjà, au temps de Moïse, on voulait défendre à Eldad et Médad de prophétiser parce qu’ils n’étaient pas au bon endroit. Moïse, loin de se choquer, avait répondu : «Si seulement le Seigneur répandait son Esprit sur tous les Israélites, pour qu'ils deviennent tous des prophètes ! » (vv 26-29) D'un côté, "l'esprit" qui tombe sans prévenir et vient reposer sur deux hommes qui, bien que choisis, ne sont pas montés au Sinaï à la rencontre de Dieu. "Et c'est dans le camp qu'ils se mirent à prophétiser". Josué veut les faire taire, car il ne trouve pas cela réglementaire : ils ne sont pas là, dans le cadre normal, il sont "dehors".
La réaction de Moïse est celle d'un coeur humble et ouvert. Lui n'est pas "jaloux": sa relation privilégiée avec Dieu et le don de prophétie, il ne les considère pas comme sa propriété ; il est prêt à les partager avec tout le peuple d'Israël.
Jésus a le même réflexe de grande ouverture: n’empêchez pas ceux qui font le bien même s’ils ne sont pas de votre groupe. On n’enchaîne pas l’Esprit, on ne le met pas en bouteille. Il agit aussi en dehors de nos structures, en dehors de l’Eglise. L’Esprit souffle où il veut. et quand il veut! Qui pourrait faire taire le vent ?
"Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, parler mal de moi...".(v.39) A Jean qui réclame une exclusivité, laquelle pourrait tourner à l'exclusion, il oppose l'ouverture et l'accueil. Jésus met en garde contre ces réflexes de l’exclusion et de la division, car ils mettent de côté et isolent; ils portent atteinte à la dynamique de la foi des croyants en marche vers la Vie…
La fin du paragraphe devient plus compréhensible :Et celui qui vous donnera à boire un verre d'eau parce que vous appartenez au Christ, je vous le déclare, c'est la vérité: il recevra sa récompense. » Celui-là n'est pas forcément un baptisé, ni un membre actif de l'Eglise, mais il reconnaît les Chrétienset Chrétiennes et est prêt à les aider, même si peu que ce soit. L'évangéliste parle surtout ici pour les chrétiens de son temps, tentés par quelques rejets de croyants non conformes. Mais nous pouvons également aujourd'hui nous appliquer cette manière de faire.
2.... et une exigence rigoureuse,une ferme intransigeance.
Cela ne veut pas dire que Jésus soit indifférent au mal. Il y a aujourd’hui une certaine tolérance qui n’est qu’un laisser-aller criminel: tout est permis... même les pires crimes! Jésus, lui, s’il demande qu’on laisse faire le bien qui s’accomplit en dehors de nous, s’indigne qu’on puisse volontiers entraîner quelqu’un au mal
Le paragraphe suivant enchaîne: "ces petits qui croient" en Jésus (v.42) sont peut-être ceux qui donnent le verre d'eau, voire ceux qui font des miracles "en son nom". Jésus ne veut pas qu'on les "scandalise", c'est-à-dire qu'on les fasse tomber, qu'on les décourage, en les empêchant d'évoquer ce Nom.
Et on voit ensuite que le ton change... Jésus s'adresse maintenant à un "tu",(v.43) qui est sans doute celui de tout chrétien, chrétienne. i.e. chacun, chacune de nous Et il est très dur.
Je pense que seul Jésus a le droit de prononcer ces mots impitoyables. Lui seul sait véritablement ce qu’est le péché. Si nous n’avons pas à juger les personnes, nous avons, nous aussi, à appeler les choses par leur nom, un chat un chat. Le mal est le mal. Nous devons le dénoncer et le combattre.
Certes, la répétition des mêmes formules(43-47):"Si ton... t'entraîne au péché, coupe-le"; et "Il vaut
mieux entrer...dans la vie éternelle que d'être jeté ...dans la géhenne" c'est là un style très exagéré, excessif qui a pour but de susciter l'étonnement ... du genre poétique et prophétique. Nous n'avons pas à le prendre au pied de la lettre, mais nous avons à le prendre au sérieux . Il s'agit, non seulement de ne pas commettre de péchés, mais de rompre, avec force s'il le faut, avec ce qui,en nous, "entraîne au péché", nous en rend complice et nous y pousse. L'image de la "géhenne", de l'enfer, "où le feu ne s'éteint pas...où le ver ne meurt pas", n'est aussi qu'une image, conforme au style apocalyptique, et on la retrouve dans des paraboles de Jésus - mais elle est là pour nous faire prendre conscience de la gravité, non seulement de nos actes, mais de nos pensées, des tendances mauvaises qui sont en nous, si nous ne luttons pas contre elles, si nous ne les "arrachons" pas de notre coeur.
Frères et Soeurs, si nous voulons vraiment suivre Jésus, nous ne pouvons justifier ni nos étroitesses de pensée en voulant condamner simplement ceux et celles qui ne pensent pas comme nous ,ou justifier nos molles lâchetés. Il nous demande, aujourd’hui comme hier, à la fois la tolérance et la rigueur. Vous qui, comme moi, avez écouté les paroles du Pape Franois cette semaine, nous avons vu qu'il est à la fois très ouvert sur certains points et exigeant comme l'est l'Évangile sur certains autres. C’est difficile à vivre et je crois que c'est un don à demander à Dieu dans la prière.
Prions
"Seigneur nous te remercions pour cette Parole de vie que tu nous as donnée aujourd'hui. Tu connais nos pensées et nos coeurs. Transforme-les pour que nous puissions à notre tour, savoir nous ouvrir aux autres, les accueillir dans nos vies et aussi dénoncer et combattre le mal qui existe autour de nous, Amen, "
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