A Saint Yrieix, les sœurs de la congrégation du Bon-Pasteur hébergent une famille de réfugiés syriens depuis la mi-août.
Bien avant l’émotion suscitée par la photo du corps échoué du petit Aylan, bien avant l’appel du pape François, les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame-de-Charité du Bon-Pasteur ont ouvert leur porte à une famille syrienne. « Notre provinciale, sœur Magdalena, a résumé la situation avec ces mots : “il y a beaucoup à faire, nous ne pouvons pas tout faire.
Mais, au moins pour cette famille, faisons tout ce que nous pouvons” », analyse Sœur Véronique… Dans le pavillon mitoyen du bâtiment de la communauté, à Saint-Yrieix, les Khouryeid retrouvent un peu de quiétude après quelques mois d’errance et d’incertitudes sur leur avenir… Kamil, Rima et leurs enfants, Sabine et Antoine, vivaient à Alep, avant que la guerre ne vienne bousculer leur quotidien. Le départ était inéluctable. La France sera leur terre d’accueil. Parce que Lucie, la soeur de Rima, vit à Toulon, où elle est religieuse dans la communauté du Bon-Pasteur, une congrégation implantée dans 73 pays… La famille s’est arrimée un temps à Angers, avant de s’éparpiller. Antoine, le fils, poursuit aujourd’hui son apprentissage de la cuisine à Angers, tandis que Kamil, Rima et Sabine prennent le chemin de la Charente. « Le couple qui s’occupait de la cuisine et de l’entretien de notre bâtiment est parti à la retraite », raconte Soeur Véronique. « Il nous fallait les remplacer et c’est avec grand plaisir que nous avons accueilli cette famille dans le désarroi. Nous sommes heureuses de pouvoir les aider à repartir dans la vie, à trouver un nouvel élan. »
Première paye
Directeur d’une usine de plasturgie aujourd’hui détruite, Kamil a fait une croix sur ses compétences pour devenir le Michel-Morin de la communauté. Toujours mieux que rien… Et Rima se plaît à
cuisiner quelques spécialités syriennes, pour les soeurs. « Le jour de la première paye, ils ont pris le chèque en photo, glisse une soeur. Ça comptait tellement pour eux de ne plus dépendre de la charité des autres mais du fruit de leur propre travail ! » Sabine, 17 ans, est entrée en première au lycée Guez-de-Balzac. La jeune fille, qui maîtrise plutôt bien le français, sert de lien entre ses parents et leur nouvel environnement : « Au départ, je ne voulais pas venir en France, je ne savais pas parler français, j’ai appris sur place. Mes amis étaient en Syrie, même si, aujourd’hui, certains sont partis, en Suède ou en Allemagne ». Sabine se dit maintenant heureuse de partager le quotidien insouciant de Charentais de son âge : « On ne parle pas de la guerre. Les jeunes Français que je connais ne s’intéressent pas vraiment à la politique. C’est étrange de voir qu’ils peuvent être tristes pour des petites choses, pour des peines de coeur par exemple. En même temps, c’est tout à fait normal. Avant, j’étais comme eux. » Avant la guerre qui a fait basculer le pays dans le chaos… Rima hausse le ton : « Autrefois, les religions vivaient en paix. Nous sommes chrétiens et nous avons toujours côtoyé et travaillé avec des musulmans ». La guerre a chamboulé la donne… À l’abri chez les soeurs, mais loin de leurs amis, les Khouryeid gardent le lien avec la Syrie. Par la télévision ou les quelques appels téléphoniques à ceux qui sont restés sur place malgré les bombes. Rima compte sur les doigts de ses mains : « Six… Oui, ce sont bien six membres de la famille qui ont été tués » depuis le début du conflit. Rima, Kamil, Sabine et Antoine ont obtenu leur carte de réfugié. Une parenthèse de dix ans ?
cuisiner quelques spécialités syriennes, pour les soeurs. « Le jour de la première paye, ils ont pris le chèque en photo, glisse une soeur. Ça comptait tellement pour eux de ne plus dépendre de la charité des autres mais du fruit de leur propre travail ! » Sabine, 17 ans, est entrée en première au lycée Guez-de-Balzac. La jeune fille, qui maîtrise plutôt bien le français, sert de lien entre ses parents et leur nouvel environnement : « Au départ, je ne voulais pas venir en France, je ne savais pas parler français, j’ai appris sur place. Mes amis étaient en Syrie, même si, aujourd’hui, certains sont partis, en Suède ou en Allemagne ». Sabine se dit maintenant heureuse de partager le quotidien insouciant de Charentais de son âge : « On ne parle pas de la guerre. Les jeunes Français que je connais ne s’intéressent pas vraiment à la politique. C’est étrange de voir qu’ils peuvent être tristes pour des petites choses, pour des peines de coeur par exemple. En même temps, c’est tout à fait normal. Avant, j’étais comme eux. » Avant la guerre qui a fait basculer le pays dans le chaos… Rima hausse le ton : « Autrefois, les religions vivaient en paix. Nous sommes chrétiens et nous avons toujours côtoyé et travaillé avec des musulmans ». La guerre a chamboulé la donne… À l’abri chez les soeurs, mais loin de leurs amis, les Khouryeid gardent le lien avec la Syrie. Par la télévision ou les quelques appels téléphoniques à ceux qui sont restés sur place malgré les bombes. Rima compte sur les doigts de ses mains : « Six… Oui, ce sont bien six membres de la famille qui ont été tués » depuis le début du conflit. Rima, Kamil, Sabine et Antoine ont obtenu leur carte de réfugié. Une parenthèse de dix ans ?
« On rentrera peut-être en Syrie. Mais uniquement si la paix revient. »
Propos recueillis par BERTRAND RUIZ du quotidien Sud Ouest
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