Chassée à l’âge de 8 ans de son village comme beaucoup de chrétiens à cause des tensions près de la frontière Israël-Liban, soeur Hanan Youssef se réfugie à Beyrouth avec ses parents. Marquée profondément par la guerre intestine au Liban, elle reçoit sa vocation religieuse au milieu des affres de la guerre. Aujourd’hui directrice du dispensaire Saint-Antoine situé en contrebas du bidonville chiite de Roueissat, sur une colline dans la banlieue de Beyrouth, Soeur Hanan Youssef accueille avec ses soeurs des milliers de réfugiés, notamment des conflits syriens et irakiens. 40 000 personnes habitent aux alentours du dispensaire dont 80% de musulmans. Outre les soins médicaux, les soeurs donnent également des cours de catéchèse et font de l’alphabétisation. De passage en France, cette religieuse de la congrégation Notre-Dame-de-Charité-du-Bon-Pasteur parle de son engagement.
Pour la 7ème édition de la Nuit des témoins, l’Aide à l’Église en détresse fait intervenir l’archevêque de Bagdad, Mgr Sleiman, l’archevêque de Jos, Mgr Kaigama et Sœur Hanan Youssef, religieuse des Soeurs du Bon Pasteur. Tous lancent un appel à la communauté internationale.
« Si je suis là, c’est au nom des milliers de femmes et d’enfants qui souffrent à cause de cette guerre au Moyen Orient. Des enfants et des femmes qui ont été chassés du jour au lendemain. Ils ont tout perdu, leur histoire, leurs maison, leur vie, leurs amis, leurs jeux. Ils ont été déplacés et ce déplacement a des conséquences sur les pays qui les accueille, que ce soit la Jordanie ou le Liban. » Ainsi parle Sœur Hanan Youssef, religieuse des Soeurs du Bon Pasteur. Tout au long de la semaine, elle sillonne la France avec Mgr Sleiman, l’archevêque de Bagdad, Mgr Kaigama, l’archevêque de Jos, et le prêtre colombien Colmerares Gomez dans le cadre de la Nuit des témoins, manifestation en faveur de la liberté religieuse organisée par l’Aide à l’Eglise en détresse (AED). A quatre, ils témoignent de ce qu’ils vivent dans leurs pays, en Irak, au Nigeria et au Liban et lancent un appel à la communauté internationale.
Elle poursuit : « Depuis 2015, le nombre de réfugiés syriens est passé à un million et demi, soit 37 % de la population libanaise. Il n’y a pas assez d’eau potable. L’électricité ne fonctionne qu’en moyenne 15h par jour, les écoles publiques croulent sous le besoin. Beaucoup de femmes accouchent dans leurs maisons. Enormément d’enfants trainent dans la rue parce qu’il n’y a pas d’école. Nous avons accueilli tous ces réfugiés sans pouvoir donner le strict nécessaire à leur survie. Le chômage atteint les 40 % parmi la population active libanaise. Ils perdent leur travail, leur maison. La population libanaise vulnérable se retrouve réfugiée à l’intérieur de son propre pays. » Pour elle, la situation du Liban est très critique et entre dans une phase critique de son Histoire où son existence même est menacée : « D’où l’urgence d’agir avant qu’il ne soit trop tard, martèle cette religieuse dont les épreuves ont forgé le tempérament. Il est vital que la communauté internationale verse des fonds pour le Liban pour pouvoir traverser cette crise et survivre. »
Sr Hanan Youssef évoque le « silence accablant de l’Occident »: « En Occident, on se mobilise facilement et là des milliers de vies sont brisées chaque jour. On entend des histoires de femmes violées, de filles vendues sur les marchés. Qui est responsable de ça ? Les djihadistes aveuglés par l’idéologie. Mais notre silence, ne nous rend-il pas coupable lui aussi ? C’est une question à poser à notre conscience. »
Marie-Lucile Kubacki
Créé le 10/03/2015 / modifié le 10/03/2015 / lavie.fr
Sr Hanan a partagé son expérience dans de nombreux médias : à lire, voir et écouter
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