lunes, 26 de enero de 2015

3ème Dimanche ordinaire 2015

Jonas 3, 1-10
Psaume 25 (24)
I Corinthiens 7, 29-31
Marc 1, 14-20

Je crois qu'il y a deux leçons qu'on peut garder des lectures de ce dimanche. Elle consiste en une double invitation à la conversion et à la tolérance.

Je veux méditer avec vous la première lecture. Elle est tirée du livre de Jonas (Bible p.1260-61 texte 1262-1263). Ce délicieux petit conte de 2 pages dans notre Bible,( il faut lire en entier dans votre Bible) Il n'a que 4 chapitres. Et il nous donne un enseignement très important. Je dirais que chaque fois qu’on lit ce petit livre, on a des surprises...

C’est vers 400 avant Jésus Christ,, alors qu’Israel vient de faire un virage à droite, l’auteur anonyme nous donne une description succulente du prophète, appelé Jonas, un prédicateur: il nous parle de son succès et dénonce en même temps, avec beaucoup d’humour et d’imagination, son esprit étroit.

Son nom, Jonas, signifie “ colombe” mais comme on le voit en lisant ce livre, de fait il n’a rien d’une colombe. Il est plutôt solitaire, taciturne. On le connaît surtout pour l’épisode de Jonas dans la Baleine ...

+Il se présente lui-même: Je suis hébreu et je crains le Seigneur, Dieu du ciel qui a fait la mer et la terre (1,9).

+Il sait que la tempête est arrivée à cause de sa fuite ( 1,4).

+ il sait tout mais il fait le contraire de ce qu’il devrait faire...

+ il est porteur d’un message qui lui-même ne comprend pas très bien et il ne sait pas l’interpréter. (Ce seront plutôt les marins ( chap 1) et les gens de Ninive que vont en être les interprètes authentiques.

+ il prêche de par les rues de la ville durante une seule journée (3,4) alors qu’il dit que ça prend trois jours pour la parcourir (3,3). Il ne semble pas se donner beaucoup au travail qu’on lui a confié. On dirait qu’il le fait sans entrain, comme malgré lui...

+ En hebreu, il ne dit que 5 mots dans toute la journée.: «Encore 40 jours, et Ninive sera détruite...» Israel n’avait jamais eu un prophète qui parle si peu...

+c’est un prédicateur résigné et malgré lui, son message est efficace; cette parole remue tout le peuple de Ninive. Tous se convertissent.

+Ceux qui vont continuer la prédication, pour qu’elle atteigne toute la ville, ce sont les ninivites eux-mêmes ( De fait, les Ninivites sont plus intéressants que le même Jonas. On parle davantage d’eux et du roi, dans ce chapitre.

+La population réagit la première: elle croit et proclame un jeûne...

+ le Roi réagit ( il accepte la réalité de son peuple, et est d’accord avec lui; il ne propose rien d’autre).

+ Par conséquent, le peuple, le roi ( et même les animaux (3,7) se convertissent.

Ils se convertissent de leur mauvaise conduite et de la violence qu’il y a dans leurs mains ( 3, 8.10). On ne dit
pas quelle fut sa mauvaise conduite mais on peut imaginer- à la lumière de la tradition prophétique- qu’il s’agit d’oppression et d’injustice et que la conversion est une conversion au Dieu de Jonas.

Par conséquent, ces Ninivites son les interprètes authentiques de la prophétie. Ce sont eux, des païens, des étrangers, ces habitants de cette ville de mauvaise réputation ( Nahum 2-3) qui découvrent et expliquent le vrai sens de la Parole pour leur vie (1,1).

Ce sera la même parole que Jésus et les disciples vont annoncer: ‹‹ Convertissez-vous›› dans l'Évangile de ce matin.. (Marc 1, 15; Actes 2, 38).

A Ninives, à peine Jonas ouvre-t-il la bouche pour proclamer sans entrain le début de son message que tous ces païens se convertissent en bloc.

Jonas pensait que Dieu allait détruire la ville et d’une certaine façon, il était heureux qu’il en soit ainsi... Mais les gens de la ville se convertissent et Dieu ne va pas détruire la ville ( 3,9; chap,4).

On pourrait pensar qu’enfin Jonas a compris mais Non! Contrarié par le succès de sa prédication, il se met en colère.... et demande à Dieu de mourir plutôt que de voir contrarié toute sa théologie traditionnelle... Quelle ironie! La Bonté de Dieu devient insupportable à Jonas. Il préfère la mort à la Bonté de Dieu.

Et il constate avec surprise que les gens l'écoutent et se convertissent ! Jonas sort de la ville pour assister à sa destruction. Mais Dieu renonce à son projet. Jonas en est déçu. Mais Dieu lui répond : « As-tu raison de te fâcher ? » Le premier message du conte c'est que Dieu aime tous les hommes et qu'il n'attend d'eux qu'un geste pour leur pardonner. Le cri de Jonas « Encore quarante jours et Ninive sera détruite » était un cri d'alarme. On n'est jamais définitivement condamné et Dieu pardonne toujours ; mais il faut que nos oreilles et nos cœurs soient ouverts à sa parole de pardon.

Deuxième message : Dieu est le Dieu de tout l'univers, y compris des étrangers. On peut le prier partout, bien au-delà des frontières d'Israël, sur un bateau et même dans le ventre d'un poisson. La présence de Dieu n'est pas limitée à un lieu, un pays, un parti politique ni à une religion. Elle est universelle.

Troisième message : ceux que nous considérons comme des païens sont souvent plus prêts que nous à écouter la Parole de Dieu. C'était vrai pour les habitants de Ninive. C'est la même chose, aujourd’hui. Je suis impressionné de voir des Arabes ou des Africains ne cessent se convertir au christianisme, alors qu'ici nos églises sont en crise…

Quatrième message : ce conte a été inventé après l'exil à une époque où les prophètes voulaient rappeler que Dieu veut sauver toute l'humanité et pas seulement le peuple juif. Ils voulaient faire comprendre à Israël qu'il n'est pas fils unique. Dieu est un Père qui se soucie de tous, en particulier des plus éloignés.

L’appel qui nous vient de l’évangile de ce jour, comme je vous disais,est très semblable. Jésus dit : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle ; le Royaume de Dieu est proche. » Pour ces pêcheurs, André, Simon, Jacques et Jean, c’est le point de départ d’un chemin de conversion. La conversion est une démarche entamée un jour et qui n’est jamais terminée. Simon-Pierre et André, Jacques et Jean n’en étaient ce jour-là qu’au début. Ils ne savaient pas ce qui les attendait sur les routes de cette aventure. Mais en vivant le rencontre brûlante et personnelle de Jésus, ils sentaient que « le monde tel que nous le voyons est en train de passer » (2e lecture).

Nous sommes tous appelés à quitter un jour père, mère, barque, computer, auto, bref la vie. Les quatre disciples de l’évangile anticipent leur propre mort. Ils nous montrent qu’on peut donner sa vie avant qu’on vienne nous la prendre et que c’est le seul moyen de la sauver. Se convertir, c’est se détourner de quelque chose pour se tourner vers une réalité plus désirable. Le problème est que l’on sait ce que l’on quitte, mais que l’on ne sait pas ce que sera cet avenir que nous choisissons. Impossible de s’y résoudre si l’on ne fait pas une confiance totale à Celui qui nous appelle (foi), si nous ne croyons pas à la supériorité absolue de ce vers quoi nous allons (espérance), si nous ne sommes pas habités par un amour qui surclasse tous les amours (charité).

En ce dimanche 25 janvier, nous clôturons la semaine de prière pour l'unité des chrétiens ; nous prions en communion avec nos frères et sœurs de différentes confessions. Cette prière doit nous conduire vers une conversion du regard que nous portons sur les autres. Nous nous découvrons tous frères et sœurs, tous membres de la même famille de Dieu. Ce qui doit guider notre vie c'est l'amour que le Seigneur met en nous. En ce jour, nous faisons nôtre cette prière du psaume : "Aujourd'hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur".






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