jueves, 23 de noviembre de 2017

"Je rends grâce à Dieu de pouvoir ainsi aller à la rencontre des membres de la Congrégation"

Interview de P. Jean-Michel Amouriaux, Supérieur Général des Eudistes, à propos de sa prochaine visite en Amérique Latine


CJM-Rome|Communication : Père, vous vous préparez à rejoindre les Eudistes en Amérique Latine : avez-vous déjà été là-bas ? dans quelles provinces allez-vous ? pourquoi ? Allez-vous participer ou célébrer des moments particuliers ?

P. Jean-Michel Amouriaux, cjm : Je serai très heureux de retrouver le continent sud-américain ; j’ai eu la grâce de m’y rendre à plusieurs reprises, dans le cadre de groupes et de rencontres de la Congrégation. N’oubliez pas que j’ai été élu là-bas, au Mexique ! Prochainement je me rends dans la Province de Colombie à l’invitation du P. José Mario Bacci, le supérieur Provincial, pour animer deux retraites, l’une à Bogotà et l’autre à Medellin. Cela me permet de déjà mettre des noms sur des visages et de mieux connaître ce pays d’où sont la majorité des Eudistes. J’aurai aussi la joie de rencontrer des membres de la Province Eudiste du Minuto de Dios à Bogotà, notamment avec des confrères qui ont des engagements au service de toute la Congrégation, comme l’Unité de Spiritualité Eudiste et le Centre de Formation des agents pour la Nouvelle Evangélisation et la Catéchèse. Je serai heureux de percevoir l’impact de la visite du Pape François, dans ce pays qui choisit la réconciliation et la construction d’un avenir ensemble. Ensuite, à Bogotà, j’aurai une semaine de travail avec deux rencontres : le conseil économique de la Congrégation - qui sera élargi aux économes provinciaux –suivi du conseil général. Enfin, du 18 au 28 décembre je serai avec les confrères et les associés du Venezuela. Je tiens à passer les fêtes de Noël avec les confrères alors qu’ils vivent depuis des mois une situation tendue et difficile, pour manifester le soutien fraternel de toute la Congrégation. Je rends grâce à Dieu de pouvoir ainsi aller à la rencontre des membres de la Congrégation.

CJM-Rome|Communication : Le conseil Général est un moment important pour la Congrégation : combien y a-t-il de rencontres par an ? combien de pères en font partie ? de quoi parlez-vous ensemble ?

P. Jean-Michel Amouriaux, cjm : Le conseil général de la Congrégation est formé de 5 membres ; j’en fais partie, avec le vicaire général et trois conseillers. Nous avons tous été élus par nos frères lors de l’assemblée générale de janvier dernier. Nous sommes trois à résider à Rome et deux poursuivent leur mission dans leur Province. Nous nous réunissons deux fois par an, cependant nous avons des rencontres régulières à Rome entre les trois qui y résident et si besoin il y a des communications et des votes par correspondance avec tous. Les moyens de communication dont nous disposons aujourd’hui sont bien utiles pour travailler ensemble. Nous avons deux grands domaines d’action. Le
premier domaine est celui des sujets prévus par les Constitutions, comme la nomination des Provinciaux, les demandes d’incorporation, les demandes de sortie temporaire ou définitive de la Congrégation, les ouvertures ou des les fermetures des œuvres dans les Provinces etc. L’autre grand domaine de notre action est la mise en œuvre des orientations et des projets décidés par l’assemblée générale. Nous avons décidé, et diffusé en juin dernier, un plan de travail pour les cinq ans à venir, avec un partage des dossiers entre les conseillers. Par exemple, il y a eu en octobre l’organisation d’un séminaire de formation pour tous les Eudistes engagés dans la pastorale des vocations, dans la formation initiale et permanente des Eudistes. Je souligne le domaine de la spiritualité, ainsi nous travaillons en lien étroit avec Mgr Luc Crépy et Sr Marie Françoise Le Brizaut en charge de la cause du doctorat de saint Jean Eudes, également avec l’unité de spiritualité eudiste de Bogotà et tous ceux qui s’engagent dans la diffusion de la spiritualité de notre fondateur. Il y a à vrai dire de nombreux chantiers déjà engagés en quelques mois, on ne s’ennuie pas ! Nous croyons à la grâce d’état et à l’intercession de notre Fondateur.

CJM-Rome|Communication : On parle beaucoup du Venezuéla dans les médias européens. En tout cas, nous connaissons la situation là-bas. Quel message apportez-vous à vos confrères vénézuéliens et aux jeunes en lien avec eux ? il parait que vous allez rencontrer le Cardinal Porras ?

P. Jean-Michel Amouriaux, cjm : La situation politique, économique et sociale du Venezuela se traduit par une insécurité et une restriction des libertés, par une pénurie massive des biens de consommation courante et des médicaments, par des menaces sur l’Eglise lorsqu’elle ose dénoncer ce qui se passe. Nos confères Eudistes, les candidats et les associés poursuivent avec courage et solidarité leur vie et leurs missions. Beaucoup disent qu’ils ont à vivre cette situation et ils l’affrontent avec foi et détermination. La province du Venezuela a reçu des soutiens de la Province de Colombie, du Minuto de Dios et d’Amérique du Nord, aussi il me semblait important d’aller là-bas, pour signifier dans la fonction qui est la mienne aujourd’hui la présence fraternelle de la Congrégation auprès de nos amis du Venezuela.

Un programme m’a été préparé et je sais que j’aurai l’opportunité de rencontrer de nombreux responsables de l’Eglise au Venezuela. Parmi eux je vais rencontrer l’archevêque de Mérida, le cardinal Baltazar Enrique Porras Cardozo, avec une démarche tout à fait inédite. En effet, le cardinal Porras a demandé à s’engager comme associé à notre Congrégation, il y a été encouragé par la proximité et l’audace de mon prédécesseur le P. Camilo Bernal. Mgr Porras a un attachement profond et filial à la figure du serviteur de Dieu, Mgr Miguel Antonio Salas, premier eudiste vénézuélien, et surtout pasteur éminent comme archevêque de Mérida. Je vais accueillir la démarche du cardinal Porras à la fois avec humilité devant ce serviteur de l’Eglise et avec la fierté d’appartenir à notre petite Congrégation1.


CJM-Rome|Communication : Vous serez en Amérique latine pendant tout le temps de l’Avent, un temps propice à la formation de Jésus en nous… comment cela vous fait-il réagir ?

P. Jean-Michel Amouriaux, cjm : Vous faites ici référence à la démarche au long court que nous poursuivons dans toute la Congrégation : nous voulons boire à la source de notre spiritualité. Au cours de l’assemblée générale nous avons en quelque sorte compris de nouveau que le cœur de la démarche de Jean Eudes se trouve dans cette expression « Former Jésus en nous ». La profondeur du christianisme réside dans la relation vivante que chacun et ensemble nous vivons avec le Christ, lui qui a le désir de venir faire en nous sa demeure. La vie chrétienne est alors comprise comme l’accueil et la croissance de la personne du Christ dans toute notre existence, plus précisément dans notre cœur, c’est-à-dire dans le centre de notre être, là où nous devenons nous-mêmes en vérité, là où nous
conduisons cet être de chair et d’esprit que nous sommes. Dans cette conception, avec saint Jean Eudes nous regardons la Vierge Marie comme la première personne en laquelle le Christ a fait sa
demeure. Certes, pour Marie l’expérience est unique, liée à sa maternité, mais nous comprenons qu’il se joue là encore plus : elle a toujours porté – et pour toujours - dans son cœur Celui qu’elle a porté 9 mois en son corps. Pendant le temps de l’Avent, nous accompagnons la Mère de Jésus vers la naissance de son Fils, nous cheminons dans la foi pour accueillir de nouveau celui que nous reconnaitrons dans la crèche comme notre Sauveur. La Vierge Marie est pour nous à la fois le signe et l’agent de cette formation intérieure du Christ. Elle est le signe éminent de l’accueil du Christ en elle par la foi à l’image de cette parole en réponse à l’ange de Dieu : « qu’il me soit fait selon ta parole ». Elle est celle qui nous accompagne dans notre pèlerinage de la foi et qui ainsi forme en nous son Fils, dans notre esprit et dans notre cœur, lui laissant toujours plus d’espace intérieur et le considérant comme la plus importante référence dans notre agir.

Je souhaite à tous les membres de la Congrégation, à tous les Associés, de continuer sans cesse à entrer dans notre héritage et de profiter du cours du temps liturgique pour cela, dans cette sanctification du temps qui nous fait parcourir les mystères de la vie du Christ. Nous avons à notre disposition de nombreux soutiens aujourd’hui à travers les équipes de formation et de communication qui fournissent des réflexions, de temps de prière, des textes au quotidien. C’est une chance, il faut la saisir.

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