Dans l’actuel calendrier liturgique de l’Eglise Catholique Romaine, trois solennités mettent en évidence les trois privilèges dont jouit la vierge Marie et qui la distinguent à part selon le dessein de Dieu pour notre salut. Il s’agit de : l’Immaculée conception (8 décembre), Sainte Marie Mère de Dieu (1er Janvier) et l’Assomption (15 aout). Il faut noter que l’objet de ces solennités coïncide avec trois dogmes de l’Eglise concernant le mystère même de la Vierge Marie. Ce qui est essentiel dans la révélation au sujet de la Vierge Marie, subsiste dans sa divine maternité. C’est la raison pour laquelle, avec l’élévation au plus haut degré de la célébration de la maternité divine de Marie s’accentue la dépendance de l’Immaculée Conception et de l’Assomption. C’est en effet à partir de cette grande solennité qui met en lumière sa maternité divine, que lui provient la plénitude de la grâce qui la fait concevoir immaculée, et qui la glorifie au terme de son existence terrestre. Dans le cadre de cette étude, nous parlerons seulement de l’Assomption dont nous présentons une synthèse thématique des textes euchologiques et bibliques.
LA SOLENNITÉ
La Vierge Marie Mère de Dieu est éternellement unie à son Fils Jésus Christ par un « même et unique décret »[1] de prédestination. Elle a obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils après sa victoire sur la mort, elle fut élevée, dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où, Reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi Immortel des siècles[2].
Après la définition du dogme de l’Assomption par le pape Pie XII en 1950, la liturgie de cette solennité fut restructurée pour exprimer de la façon la plus adéquate, le mystère de la glorification de la Vierge Marie. La récente réforme liturgique a opéré une nouvelle élaboration des textes liturgiques en ajoutant un formulaire à la messe vespérale de la veille. La messe de journée a maintenu en grande partie, l’ensemble des textes de 1950 tandis que les lectures non évangéliques et la préface propre sont entièrement récentes. Nous analyserons ici la messe du jour.
EUCHOLOGIE DU MISSEL
L’euchologie de la messe du jour développe le mystère de la solennité, surtout dans la préface. Cette
dernière est amplement inspirée par la Constitution Lumen Gentium n. 68 qui offre une bonne synthèse christologique et ecclésiale de la célébration mariale : « aujourd’hui la Vierge Marie, la Mère de Dieu a été élevée dans la gloire du ciel : parfaite image de l’Eglise à venir, aurore de l’Eglise triomphante, elle guide et soutient l’espérance de ton peuple encore en chemin. Tu as préservé de la dégradation du tombeau le corps qui avait porté ton propre Fils et mis au monde l’auteur de la vie ».
LECTURES BIBLIQUES DE LA MESSE
La première lecture[3] est un texte difficile dont l’interprétation mariale a été discutée. Actuellement, plusieurs exégètes estiment dans Ap 12 qu’il est question à la fois de Marie et du peuple de Dieu. La lutte du dragon contre la dame et son fils est une représentation apocalyptique du combat que livre le peuple de Dieu contre le royaume de satan. L’issue de ce combat est le triomphe du règne de Dieu.
Dans la lecture apostolique[4] Paul proclame que « le Christ est ressuscité d'entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité »[5]. La résurrection du Christ est le fondement de la résurrection de « ceux qui seront au Christ »[6] . il est question dans cette perspective aussi d’abord et surtout de la mère de Dieu. En effet, plus que toute autre créature, elle appartient « au Christ ». elle participe déjà en plénitude de la gloire de son Fils.
De l’Evangile de Luc il est loisible de lire, non seulement la première partie du Magnificat comme dans le Missel de 1960, mais tout le chant marial en entier[7]. En plus les versets 39-40 qui ne sont pas présents dans la péricope de 1960 donnent parfaitement la compréhension historique de tout le récit. Dans la perspective théologique des deux premières lectures, le chant du Magnificat exprime la joyeuse espérance de l’Eglise d’être elle aussi destinée à partager la même gloire concédée par anticipation à la mère de Jésus Christ.
LES TEXTES DE LA LITURGIE DES HEURES
Les textes bibliques de l’office des lectures[8] annonce la participation future des chrétiens au triomphe du christ sur la mort. Les lectures brèves du matin et du soir développent le même thème. La lecture patristique recueille à travers la Constitution dogmatique Munificentissimus Deus de Pie XII de 1950, le témoignage de la foi des pères des Eglises d’orient dans l’Assomption de la Vierge Marie.
CONCLUSION
La solennité de l’Assomption de la Vierge Marie invite à concevoir ce dogme de la foi dans le cadre globale de l’histoire du salut, comme une réalité concernant tous les chrétiens. La « pré-rachetée » est aussi la « pré-ressuscité » après le Christ et avant nous. On pourrait cependant relever que la célébration de la fête, le 15 août, ne favorise pas la compréhension de sa connexion avec l’événement pascal. Car si l’Assomption avait été célébrée dans le mois de mai, le lien entre le mystère de Marie et la Pâques recevrait une lumière plus vive. Sauf que le 15 août comme date de célébration a une tradition de plus de quinze siècles, radicalement imposée par une piété populaire qu’il serait difficile d’occulter[9].
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[1] Cf. Pie IX, Bulle de définition du dogme de l’Immaculée Conception. Acta, Pars Ia, p. 599, Typ. Bonarum artium, Cf. SVS n. 513.
[2] Cf. PIE XII, Encyclique Munificentissimus Deus, 1950.
[3] Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab.
[4] 1Co 15, 20-26.
[5] 1Co 15, 20.
[6] 1Co 15, 23.
[7] Lc 1, 39-56.
[8] Eph 1, 16-2, 10.
[9] Cf. P. JOUNEL, Le feste della santa Madre di Dio….., cit. In bibl. p. 236 (p. 63).
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