miércoles, 9 de abril de 2014

François de Laval, Bernières et Jean Eudes

Considérant la valeur des recherches du P. Charles Berthelot du Chesnay, (1913-1975) archiviste des Eudistes à Paris et la difficulté d’accès à certaines sources, vous trouverez ici un travail important réalisé à l’occasion du tricentenaire de l’arrivée de Monseigneur de Laval à Québec.99

Charles Berthelot du Chesnay, La mort de M. de Bernières à Caen et l'arrivée de Mgr de Laval à Québec au printemps de 1659 , Notre Vie, VII, 1959, n° 69

« Le 13 avril 1659, jour de Pâques, François de Laval, évêque de Pétrée, vicaire Apostolique de la Nouvelle-France, s'embarquait à La Rochelle pour le Canada. Le 3 mai suivant, jour de l'Invention de la Sainte-Croix, dans la chambre de son Ermitage à Caen, Jean de Bernières mourait subitement. Le 16 juin, M. de Pétrée – ainsi désignait-on alors le nouvel évêque - arrivait à Québec. Le Canada lui était à la fois inconnu et familier: inconnu, car il n'y était jamais venu ; familier, car il avait lu les Relations des jésuites missionnaires du Canada, fréquenté leur principal auteur, le P. Paul Le Jeune, et vécu pendant quatre ans auprès de M. de Bernières, qui, depuis vingt ans, était en correspondance suivie avec la Mère Marie de l'Incarnation, supérieure des Ursulines de Québec.

L'origine de cette « liaison de grâce » entre Jean de Bernières et Marie de l'Incarnation est assez connue. A la fin de l'année 1638, M. de Bernières avait prêté son concours à un singulier stratagème. Pour mieux seconder une veuve de trente-cinq ans - il en avait alors trente-six et s'était voué au célibat - il se fit passer pour son mari. Cette veuve, Mme de La Peltrie, avait été enthousiasmée par les Relations du P. Le Jeune. Elle ne rêvait point nouvelles épousailles. Elle ne voulait que donner ses forces et sa fortune pour établir des Ursulines à Québec. C'est ainsi qu'un « faux ménage » - le mot est du sérieux Goyau - vint chercher à Tours deux religieuses de Sainte-Ursule, Marie de l'Incarnation et Marie de Saint-Joseph. Qui ne revoit la dernière scène de cette équipée dévote et romanesque ? Elle se passe à Dieppe, le 4 mai 1639. M. de Bernières voit s'éloigner la chaloupe, qui emporte vers le vaisseau sa passagère « épouse », Mme de La Peltrie, et cette autre veuve, qui l'émerveille, avant d'émerveiller Bossuet lui-même, Marie de l'Incarnation, « la Thérèse de nos jours et du nouveau monde ». On ignore ce que pensait alors Bernières. On sait par contre quels furent les sentiments de Marie de l'Incarnation à l’instant précis où elle posa « le pied en la chaloupe ».
« Il me sembla, dit-elle, entrer en paradis, puisque je faisais le premier pas qui me mettait en l'état et en risque de vie pour l'amour de [celui] qui me l'avait donnée. Je chantais en moi-même les sentiments d'un si bon Dieu qui me conduisait avec tant d'amour au point que j'avais désiré il y avait si longtemps. » 54

Vingt ans plus tard, un évêque arrive à Québec. Il est membre de la Compagnie du Saint-Sacrement. Beaucoup l'ignorent. C'est un « disciple de M. de Bernières». Tout le monde le sait. De surcroît, il arrive escorté par quelques anciens « solitaires » de l'Ermitage. D'autres les suivront. Un historien canadien a dit - « L'Ermitage de Caen a été comme le berceau de l'Église du Canada. » C'est donc bien le moment, en ce printemps de 1959, de rappeler la mort du fondateur de l'Ermitage de Caen et l'arrivée du premier évêque de l'Église du Canada. Ces deux événements trois fois centenaires ne nous sont pas complètement étrangers, puisque des liens d'estime et d'amitié unissaient, il y a trois siècles, saint Jean Eudes, Jean de Bernières de Louvigny et le vénérable François de Montmorency-Laval.

MONSIEUR DE BERNIÈRES ET LE PÈRE EUDES.

Dans toutes les biographies du P. Eudes, on rencontre M. de Bernières, son ami et son bienfaiteur. C'est tout naturel. C'est justice. Nés au début du XVIIe, siècle, Eudes et Bernières ont à peu près le même âge. Ils se trouvent n'avoir qu'un même austère et saint patron, Jean-Baptiste. Ils sont élèves d'un même collège, celui des Jésuites à Caen. Ils y appartiennent l'un et l'autre à la Congrégation de la sainte Vierge. L'un quitte sa famille, pour entrer à l'Oratoire et devenir prêtre ; l'autre reste dans sa fort riche famille, dont il n'est pas l'aîné, comme on le dit parfois. Une même piété et un même zèle pour le salut d'autrui rapprochent ces âmes d'élite. Bernières reste dans le monde, mais il y apparaît comme le contraire d'un mondain. Il est tertiaire de Saint-François. Il soumet sa conduite à l'un des plus saints religieux de son temps, le P. Jean-Chrysostome de Saint-Lô, l'homme de « Dieu seul ». Pour le P. Eudes, Bernières est plus qu'un ami : il l'appelle « mon frère ». Dès 1634, ils ont un commun projet : « bâtir et établir une maison pour les filles repenties». Dans la
longue liste de leurs amis communs, il faut détacher un nom : Marie des Vallées. On sait que Bernières fit « plusieurs voyages exprès à Coutances », pour se recommander à la Soeur Marie. Faut-il rappeler une fois encore les multiples générosités de M. de Bernières pour le P. Eudes ? Il faudrait raconter de nouveau les premières années de la maison du Refuge, qui constituent la préhistoire de l'Ordre de Notre-Dame de Charité. Pour la Congrégation sacerdotale établie par le P. Eudes et pour ses missions, il fut pareillement charitable : il offre à Caen un ostensoir, à Coutances un encensoir. Manque-t-on d'argent pour la maison de Rouen ? Il baille 1.500 livres (plus de 600.000 francs de notre monnaie). Le P. Eudes, en août 1658, n'a pas les moyens de se rendre à Paris, pour y défendre la mémoire de Marie des Vallées ? Qu'à cela ne tienne ! Bernières remet 200 livres au P. Eudes. Mais 55



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