L’évêque du Puy-en-Velay, accompagné d’une délégation de la famille eudiste, a rencontré samedi 3 décembre le pape François pour tenter de le convaincre de déclarer saint Jean Eudes docteur de l’Église.
Le pape François déclarera-t-il saint Jean Eudes docteur de l’Église ? C’est en tout cas pour l’en convaincre que Mgr Luc Crépy, évêque du Puy-en-Velay, l’a rencontré en audience privée samedi 3 décembre. Lui-même vicaire général de la congrégation de Jésus et Marie, ou « eudistes », cette société de prêtres fondée au XVIIe siècle par le saint français, Mgr Crépy est en effet le postulateur de sa cause doctorale.
Celle-ci, après avoir été ouverte dès 1948 – vingt-trois ans après sa canonisation –, a été plusieurs fois rouverte puis abandonnée. Jusqu’à ce que l’assemblée générale de la congrégation, en 2012, demande qu’elle soit rouverte.
Une cause soutenue par les évêques de France
Depuis, plusieurs conférences épiscopales ont apporté leur soutien à la cause, dont cinq en Amérique du Sud (Venezuela, Mexique et Équateur en 2014, Honduras et Colombie en 2015), une en Afrique (Bénin, en 2014), et la Conférence des évêques de France, en novembre 2014. En 2015, les évêques français consacraient même au saint un numéro de Document épiscopat, intitulé « À la suite de Saint Jean Eudes, l’irremplaçable place des femmes dans l’Église et dans la société ».
Mgr Crépy était entouré, lors de sa rencontre avec le pape, d’une délégation de la famille eudiste, qui compte aujourd’hui 400 prêtres et religieuses dans dix-huit pays, dont sept communautés en France. Outre l’évêque du Puy, Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry, est également eudiste.
« L’actualité de saint Jean Eudes touche à la spiritualité des prêtres diocésains »
« Si l’Église déclare quelqu’un docteur, c’est parce que ce que cette personne a écrit, sa doctrine, et ce qu’elle a fait peut concerner l’Église au niveau universel », a expliqué à Radio Vatican Mgr Crépy, à l’issue de sa rencontre avec le pape François. Selon l’évêque, la dimension internationale des eudistes, particulièrement en Amérique latine, plaide en ce sens.
« L’actualité de saint Jean Eudes touche à la spiritualité des prêtres diocésains, poursuit le postulateur.
Saint Jean Eudes a beaucoup travaillé au service des diocèses (…). Il avait à cœur de savoir comment les prêtres diocésains pouvaient vivre profondément leur ministère. » Pour lui, explique encore Mgr Crépy, ce ministère consiste à « permettre de former Jésus dans le cœur des fidèles ». Saint Jean Eudes avait aussi « une dévotion très forte au cœur de Jésus. Il a été le premier à célébrer liturgiquement le cœur de Jésus », précise l’évêque.
Également présent lors de l’audience pontificale, le supérieur des eudistes, le Colombien Camilo Bernal Hadad, indique pour sa part avoir mis en avant le côté « missionnaire » de saint Jean Eudes, auquel le pape pourrait, pense-t-il, être particulièrement sensible.
Les membres de la délégation assurent en tout cas que le pape a été « à l’écoute » et « très intéressé » par la figure de ce saint. « Il nous a dit qu’il allait sans doute soutenir notre projet », assure même Mgr Crépy.
Qu’est-ce qu’un docteur de l’Église ?
L’Église catholique attribue le titre de docteur de l’Église à ceux dont elle reconnaît une autorité théologique exceptionnelle en raison de la profondeur de leur foi, de la sûreté de leur doctrine et de la sainteté de leur vie, conférant ainsi une place particulière à leurs enseignements. Au Vatican, les dossiers constitués par les postulateurs sont examinés conjointement par la Congrégation pour la doctrine de la foi et la Congrégation pour les causes des saints.
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Trente-cinq saints ont été proclamés docteurs de l’Église à ce jour, dont quatre Français : saint Thomas d’Aquin (1568), saint Bernard de Clairvaux (1830), saint François de Sales (1877) et sainte Thérèse de Lisieux (1997). Le dernier en date est un mystique arménien du Xe siècle, Grégoire de Narek, proclamé docteur de l’Église par le pape François en février 2015.
Peu d’informations filtrent au sujet des causes doctorales. En 1997, la revue jésuite Civilta Cattolica donnait une liste de causes qui seraient à l’étude. Dans cette liste figuraient trois autres saints français : sainte Marguerite-Marie Alacoque, saint Vincent de Paul et saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Gauthier Vaillant (avec Radio Vatican)
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