« Ô mon très aimable Jésus, je vous adore et vous glorifie infinies fois, dans le martyre très sanglant que vous avez souffert en votre Passion et en votre croix. Je vous adore et vous bénis, autant que je puis, dans l'état d'hostie et de victime, dans lequel vous êtes au Saint Sacrement de l'autel, là où vous êtes continuellement sacrifié pour la gloire de votre Père et pour notre amour.
Je vous honore et révère dans le martyre très douloureux que votre sainte Mère a porté au pied de votre croix. Je vous loue et magnifie dans les divers martyres de vos Saints, qui ont enduré tant et de si atroces tourments pour l'amour de vous.
J'adore et je bénis toutes les pensées, les desseins et l'amour infini que vous avez eu de toute éternité au regard de tous les bienheureux Martyrs qui ont été depuis le commencement et qui seront jusqu'à la fin du monde dans votre sainte Église. J'adore et je révère, en toutes les manières qu'il m'est possible, le désir extrême et la soif très ardente que vous avez de souffrir et de mourir jusqu'à la fin du monde dans vos membres, afin d'accomplir le mystère de votre sainte Passion, et de glorifier votre Père par la voie des souffrances et de la mort, jusqu'à la fin du monde. »
Saint Jean Eudes (OC XII, 135)
A Caen, le 25 mars 1637, alors qu’il n’a que 36 ans, saint Jean Eudes écrit de sa main et signe de son sang le « Vœu du Martyre » dont ces lignes sont extraites. C’est l’écrit où il se livre le plus intimement – car il l’adresse à Jésus et ne le rédige que pour lui-même. Jean Eudes y adore Jésus dans le martyre qu’il a souffert sur la croix, et auquel Marie a communié ; et dans le désir que le Christ a de continuer ce don de lui-même en ses membres, jusqu’à la fin des temps. Puis le Père Eudes s’offre lui-même pour donner sa vie « pour la gloire et l’amour de Jésus ». Ces paroles ont du poids : à deux reprises, au service des pestiférés des plaines de Caen, Jean Eudes a risqué très consciemment sa vie par amour pour les membres de Jésus. Dans le vœu qu’il exprime à Jésus, nous percevons toute la foi et la charité du jeune missionnaire : il aime Jésus, il renonce à lui-même pour vivre de Jésus. De manière bien réfléchie et passionnée, il veut vivre jusqu’au bout la logique baptismale : mourir et ressusciter avec le Christ. Cette logique nous appelle aujourd’hui à déchiffrer nos vies en termes de participation à la Pâque de Jésus. Bien sûr, cela ne transforme pas nos vies en contes de fées ! La vie chrétienne est celle d’hommes et de femmes que la mort, sous toutes ses formes, atteint toujours et souvent de plein fouet, mais qu’elle ne terrasse plus. Comme l’écrivait Madeleine Delbrel, « Il s’agit, dans cette fréquentation de la mort, d’apprendre à fréquenter la vie ».
Père Romain
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