C’est le cœur de la Bonne Nouvelle annoncée par les premiers chrétiens, qui ajoutaient « nous en sommes témoins ». Mais témoins de quoi exactement ? Ils n’avaient rien vu, ils ne savaient même pas comment exprimer dans leur langage ce qui s’était passé, et pour cause : le mot « ressusciter » n’existait pas encore ! Et ce qui s’était passé, et qui durait encore au point de bouleverser leur vie, dépassait leur entendement, comme il dépasse encore le nôtre.
Peut-être avons-nous envie de dire : « C’est pourtant simple : Jésus est mort, il a été mis au tombeau et il en est ressorti vivant trois jours après ». Et pourtant... Les chrétiens d’Orient ont bien senti que la proclamation de la résurrection n’était pas aussi réductrice. Leurs icônes ne représentent jamais Jésus en train de sortir de son tombeau – contrairement à Lazare –, restant fidèles aux récits évangéliques qui ne montrent que le tombeau vide. Il n’y a que les peintres occidentaux à l’avoir fait, évoquant un grand spectacle avec effets spéciaux...
Parce que la résurrection de Jésus n’est pas un « simple » retour à la vie. Elle est un événement qui touche toute l’humanité passée, présente et à venir, toute la création aussi : le mal entré par le péché de l’homme est définitivement vaincu, et les fruits de cette victoire nous sont communiqués quotidiennement, visiblement par les sacrements, mais aussi par toutes les autres manières que Dieu choisit et que nous ne voyons pas. Jésus est devenu le « Seigneur ». Cet événement est si riche que nous avons été comme obligés de le fractionner pour essayer d’en comprendre le contenu : la Croix, le matin de Pâques, l’Ascension, la Pentecôte ne sont que les différentes composantes du même Mystère Pascal.
« Nous en sommes témoins » : c’est encore à nous d’inventer nos propres manières, personnelles ou communautaires, de devenir les témoins de la résurrection. Il y a tellement de choses à en dire, de façons d’en vivre, que nous n’avons pas à craindre de nous tromper. Des chrétiens ont choisi le mot « ressusciter » pour évoquer ce qui s’était passé. Quel sera le nôtre, et quelle sera notre manière de le dire et d’en vivre ?
Alléluia, Il est vraiment ressuscité ! Joyeuses Pâques !
Jean Camus, eudiste
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