martes, 15 de marzo de 2016

Cinquième dimanche de carême

13 mars 2016

Isaïe 43, 16-21

Psaume 126 (125)

Philippiens 3, 8-14

Jean 8, 1-11

Il m'a paru intéressant que nous lisions cet évangile alors que nous venons de célébrer, mardi dernier, la Journée de la femme.

Que savons-nous de cette femme dont nous parle l’évangile ? Rien. Est-elle jeune, quel est son nom, son visage ? Rien. Tout ce que nous savons d'elle, c'est qu'elle a été surprise en flagrant délit d'adultère. Elle est le type même de la « femme-objet ». Objet de convoitise, puis objet de mépris, elle devient objet qui va servir à régler une méchante querelle entre pharisiens et Jésus. Elle est comme déjà morte. On ne lui parle pas: tout se passe par-dessus son dos.

Jaloux du succès de Jésus, les pharisiens utilisent cette malheureuse femme pour le squeezer. Ils la lui amènent et l'invitent à se prononcer sur son cas : « Dans la Loi, Moïse nous a commandé de lapider celles-là. Toi donc, que dis-tu ? »

Le piège est redoutable. Si Jésus s'associe à la condamnation prescrite par la Loi, il entre en conflit avec le pouvoir romain qui s’est réservé la peine de mort. Et il contredit, du même coup, son enseignement subversif sur le Dieu de miséricorde. Mais s'il ne le fait pas, il s'oppose à Moïse, l'autorité suprême.

La réponse de Jésus, vous l'avez remarqué, se fait d'abord silence. Tant qu'accusations et malveillances tombent sur la femme, on le voit étrangement occupé à tracer des traits sur le sol. Baissé vers la terre, il évite les yeux injectés de sang de ces hommes surexcités S'il avait commencé par les fixer dans le visage, c'est leur propre rage qu’ils auraient lus dans ses yeux, comme dans un miroir. Et l'affrontement serait devenu inévitable, inmanquable la lapidation de leur victime - et de Jésus . Courbé sur le sable, il attend que se calme cette bande de vieux...

Lorsque enfin le tumulte s'apaise, il se redresse pour leur parler, sans les accuser, mais en évitant leur piège; il les renvoie à leur propre conscience: «Celui d'entre vous qui est sans péché...». Puis il se baisse de nouveau, les laissant libre d'écouter ou non cette conscience, les laissant se juger eux-mêmes, et ne les regardant pas partir l'un après l'autre. Plutôt que de lancer l'un après l'autre leur pierre, lentement, ils s'en vont, « à commencer par les plus âgés » dit l'Évangile. je me demande si c'est qu'ils sont les plus pécheurs ou les plus sages ?

Il se relève enfin pour parler à la femme, quand ils sont seuls l'un et l'autre, et qu'elle n'est plus
entourée de regards méprisants ou voyeurs.

Tous sont partis. Sauf la femme. Et lui.

«Ils ne restaient plus que deux, écrit merveilleusementt saint Augustin, la pécheresse et le sauveur, la malade et le médecin, la misère et la miséricorde». La femme aurait pu s'enfuir, mais elle reste là. Très doucement, Jésus lui parle. Et sa question est teintée d'humour: «Femme, où sont-ils? Personne ne t'a condamnée ? » - «Pas un, Seigneur.» - Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas…» (8, 10-11)

Si des hommes, au cœur dur, toujours sur le point d'entrer dans la spirale de la violence, ne t'ont pas condamnée, comment le cœur infiniment miséricordieux de Celui qui est sans péché, de Celui qui n'est que pardon, pourrait-il t'accuser ?

«Va, désormais ne pèche plus ». C’est un mot de résurrection. « Voici que je fais un monde nouveau », disait Isaïe. Et saint Paul : « Oubliant ce qui est en arrière, tendu vers l’avenir, je cours vers le but ».

A juste titre, nous pourrions vouloir nous identifier à la victime, à cette femme qui a su accueillir la vie redonnée par Jésus. Pourtant, n'oublions pas de nous reconnaître aussi en ces persécuteurs pénitents que sont ces scribes et pharisiens qui s’éloignent en silence. Eux également bénéficient de la miséricorde. Le Christ les a mis sur un chemin de conversion. Il les amène à la lumière sur l’horreur des haines et des représailles humaines.

Seigneur, en ce temps de carême et en cette année de la Miséricorde, rends-nous bienveillants comme toi !





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