Homélie de Mgr Luc Crepy pour la messe des prêtres jubilaires le 29 juin 2016, fête de saint Pierre et saint Paul.
Les premières lectures de ce jour font écho à la fois à ce qu’ont subi les apôtres Pierre et Paul dans leur ministère – prison, violence, persécution - ; à la fois à la présence du Seigneur à leurs côtés, dans les moments les plus dramatiques. Le psaume de ce jour résume bien : « le Seigneur m’a délivré de toutes mes frayeurs ! » Paul ainsi écrit : « Le Seigneur, lui, m’a assisté. » Et Pierre, découvrant que sa libération n’est pas un songe mais la réalité, dit : « Vraiment, je me rends compte maintenant que le Seigneur a envoyé son ange. » L’expérience missionnaire et fondatrice de ceux que l’on surnomme les « deux colonnes de l’Église » n’est pas une histoire paisible et facile, mais elle se déploie dans la suite du Christ, portant leur croix jusqu’au don de leur vie comme leur Maître et Seigneur. Et pourtant leur vie et leur témoignage sont l’expression même que le Christ accompagne ceux qu’il envoie en mission, qu’il ne les abandonne pas sur la route, qu’il est Celui sur lequel ils s’appuient : « Le Seigneur m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout… le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire… »
Difficultés de la Mission, de l’annonce de l’Évangile, de la proclamation du Royaume de Dieu à toute époque et en tout temps, telle est aussi l’histoire de l’Église. Rappelons-nous le grand évangélisateur du Velay, saint Jean-François Régis face aux contraintes de son temps et aux difficultés rencontrées, et pourtant quelle confiance dans le Christ tout au long de son ministère. Aujourd’hui encore, ceux et celles qui veulent vivre un engagement apostolique dans la société actuelle, rencontrent maintes et maintes résistances tout en faisant l’expérience de la présence du Ressuscité à leurs côtés.
Aujourd’hui nous fêtons les prêtres jubilaires de notre diocèse, et nous voulons, chers frères et chers amis jubilaires, rendre grâce pour votre ministère tout au long de ces nombreuses années où dans la fidélité et la confiance, malgré les rudesses de l’existence et du monde, vous avez mis vos pas à la suite du Christ et vous demeurez fidèle à l’engagement que vous avez pris, sachant que le Christ demeure toujours proche de ceux qu’il appelle. Vous avez tenu bon et vous êtes pour nous tous un témoignage que suivre le Christ donne une plénitude de sens à la vie d’un homme, au-delà des joies et des peines de la tâche à accomplir.
Le concile Vatican II, dans la conclusion de son grand texte sur le ministère et la vie des prêtres décrit avec une grande actualité tout ce que nous venons d’évoquer : « Conscient des joies de la vie sacerdotale, ce saint Concile ne peut cependant ignorer les difficultés dont souffrent les prêtres dans les conditions de la vie actuelle. Il se rend compte de la transformation de la situation économique et sociale, et même des mœurs ; il se rend compte du bouleversement de la hiérarchie des valeurs dans le jugement des hommes. Dans ces conditions les ministres de l’Église, et même parfois les chrétiens, se sentent comme étrangers, à ce monde ; avec anxiété, ils se demandent quels moyens, quels mots trouver pour entrer en communication avec lui… »
Et le Concile poursuit : « Ce monde, tel qu’il est aujourd’hui, ce monde confié à l’amour et au ministère des pasteurs de l’Église, Dieu l’a tant aimé qu’il a donné pour lui son Fils unique. […] Que les prêtres ne l’oublient pas : ils ne sont jamais seuls dans leur action, ils s’appuient sur la force du Dieu tout-puissant ; que leur foi au Christ, qui les a appelés à participer à son sacerdoce, les aide à se donner en toute confiance à leur ministère, car ils savent que Dieu est assez puissant pour augmenter en eux la charité. » (P.O. § 22)
Peut-être nous faut-il alors entendre alors la béatitude que Jésus prononce à l’égard de Pierre lorsqu’il confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais, mon Père qui est aux cieux. » Jésus reconnait dans la profession de foi de Pierre l’œuvre du Père. C’est la force du Père qui se manifeste pour révéler à tous l’identité du Fils, de même les prêtres sont invités, comme nous venons de lire, « à s’appuyer sur la force du Dieu tout-puissant » pour annoncer à tous le Christ vivant. Le sacrement de l’Ordre ne se limite pas au jour de l’ordination mais se déploie dans toute la vie des prêtres où ils font l’expérience de la présence de l’Esprit, manifestation de l’amour du Père et du Fils.
Je terminerai par une citation du dernier concile qui m’est chère et que les prêtres du diocèse m’ont déjà entendu prononcer plusieurs fois, mais qui résonne particulièrement bien dans cette célébration où nous rendons grâce pour ceux, qui au cours de tant et tant d’années, « ont travaillé, chacun selon sa grâce, à rassembler l’unique famille du Christ », comme le dit la préface de ce jour : « C’est l’exercice loyal, inlassable, de leurs fonctions dans l’Esprit du Christ qui est, pour les prêtres, le moyen authentique d’arriver à la sainteté. » (P.O. §13) Telle est la belle vocation des prêtres sur le chemin de la sainteté.
+ Luc Crepy
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