Sophonie 3, 14-18
Cantique d'Isaïe 12,2-3, 4, 5-6
Philippiens 4, 4-7
Luc 3, 10-18
C’est aujourd’hui le « dimanche de la joie ». Le prêtre est revêtu à cette occasion, comme au « Laetare », d’une chasuble "bleue". Oui, les chrétiens sont porteurs du plus formidable message de bonheur.
Le prophète Sophonie nous invite à faire avec Dieu un tour de danse! « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations. Réjouis-toi. Tressaille d’allégresse... Car le Roi, ton Seigneur, est en toi ! Ton Dieu est en toi : il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête ! »(vv 14.17-18) Et saint Paul surenchérit : « Soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous. Le Seigneur est proche ».
Dieu est « en nous », dans la communauté des croyants, le peuple d'Israël et l'Eglise et en chacun de nous. Par notre baptême, nous sommes « dans le Christ », dans le Corps du Christ qui est l'Eglise, membres du Christ, comme incorporés à lui et comme transformés en lui, si nous ouvrons notre cœur à ce mystère dans la foi: lui en nous, nous en lui. Cette présence de Dieu et de nous en Lui est essentiel.
Cette joie de Dieu, envahissant notre coeur,fait disparaître un autre sentiment...
« Tu n'as plus à craindre le malheur...Ne crains pas...Ne soyez inquiet de rien... »(Sophonie 3,15;Phil 4,6) C'est la peur qui doit disparaître. La peur est la grande ennemie de Dieu, qui répète 365 fois dans la Bible:«ne crains pas...». Peur de l'avenir, peur des « catastrophes », peurs irrationnelles de l'humanité depuis toujours, peur des puissances mauvaises, peur des dieux tout puissants que nous avons créés à notre image, peur de Dieu même, un faux Dieu menaçant qui veut écraser l'homme. « N'ayez pas peur » répète Dieu, ayez confiance, ou pour le dire mieux avec les mots de Jésus : « Sois sans crainte, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume. » (Luc 12, 32) Cette tendresse du Père pour tous est ce qui motive l'absence de crainte et la confiance. Elle s'exprime dans nos deux textes :
En Sophonie, « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui le héros qui apporte le salut. » Dieu est celui qui nous sauve, qui veut notre bonheur.
Chez Paul, « ne soyez inquiets de rien, mais en toutes circonstances, dans l'action de grâces, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes... » Si Dieu est un Père, il nous donnera ce dont nous avons besoin, adressons-nous à lui avec confiance. Écoutons encore Jésus ; «Pas un passereau n'est en oubli devant Dieu ! Bien plus, vos cheveux mêmes sont tous comptés. Soyez sans crainte, vous valez mieux qu'une multitude de passereaux ! » (Luc 12, 6-7)
La joie et l'absence de peur est-elle possible ? Jean-Baptiste, dansl'Évangile,de manière très concrète, nous répond que Oui... mais à trois conditions.
1.La conversion
Le chemin de la joie, pour le Baptiste, passe par la conversion du coeur. Nous portons en nous un désir de bonheur bien plus grand que nous. Seul Dieu peut augmenter notre désir à sa mesure qui est d’aimer sans mesure. On n’est libre que dans la mesure où l’on aime, d’un amour de compassion, d’un amour gratuit.
2. Que faire ?
Pour cela, nous n’avons à faire, dit Jean Baptiste, que des choses simples.
« Si tu as deux manteaux, partage avec celui qui n’en a pas »(v.11). En premier lieu, il demande le partage, le refus du superflu et le souci des pauvres. Les chemins du bonheur empruntent ceux du partage et de la justice .On peut citer bien des paroles de Jésus dans les Évangiles qui s'en rapprochent. Retenons en seulement deux :
- A qui te demande, donne; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos. » (Matthieu 5,40-41). - Le chapitre 25, vv.31 à 45 de l'Évangile de Matthieu, bien connu : « ...j'avais faim et vous m'avez donné àmanger... ». Ces rapprochements permettent d'élargir la prédication de Jean-Baptiste: pas une simple solidarité humaine, mais un signe de conversion, un acte de foi envers Dieu qui aime tous les hommmes et femmes de ce monde..
Les deux autres questions et réponses sont plus « spécialisées »(vv 13-14): collecteurs d'impôts et soldats. Mais, dans les deux cas, la réponse de Jean Baptiste est la même : il ne s'agit pas de faire des choses extraordinaires, de tout lâcher pour aller vivre au désert, il s'agit de bien faire son métier, avec honnêteté, et aussi de refuser la tentation de l'abus de pouvoir, de la course à l'argent et de la violence. Jean-Baptiste renvoie chacun à sa conscience professionnelle et à sa conscience morale. Du coup, questions et réponses deviennent valable, quelle que soit l'époque, et quel que soit l'état de vie.
3. Etre plongé dans le feu
Jean Baptiste, enfin, après avoir invité au partage de ses biens, appelle à ouvrir son coeur et annonce la venue du Messie qu'ils attendent.
Quel genre de Messie? À première vue, ce Messie cadre mal avec l'image que nous nous faisons de Jésus « doux et humble de cœur ». Est-ce la vision un peu dure de Jean-Baptiste ? Ou y a-t-il quelque chose à en tirer pour notre approche de Jésus ? Méfions-nous d'un vision trop mièvre du Christ; dans l'Évangile comme ici, il apparaît souvent comme le Juge.
Donc, dans le texte, il « tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas... ». Plus qu'un jugement au sens de « condamnation », remarquons qu'il s'agit d'un "discernement", entre ce qui est fructueux, fécond, utile, le « grain », et ce qui est inutile, volatile, sans intérêt, la « paille ». Rien ne dit qu'il s'agit de deux types de personnes, les bons et les mauvais. Il y a des choses en ce monde que Dieu prendra dans son « grenier », qu'il conservera précieusement, et d'autres qu'il brûlera. Ne nous laissons pas prendre par des images de l'enfer, qui sont de toutes manières, bien
postérieures à la rédaction des Évangiles. Le «feu » a déjà été mentionné plus haut : « Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. » : le feu de l'Esprit Saint, c'est cela qui brûlera, qui fera disparaître ce qui dans ce monde est mauvais, obscur, ou simplement trop superficiel pour nourrir la vie de l'homme, comme le bon grain.
Frères et soeurs,
Se convertir peut paraître encore facile. Jean ne demande que des choses simples et concrètes. Mais essayons... et nous verrons que changer de vie nous est pratiquement impossible. Il y faut un acte de Dieu autant qu’un acte de notre part.
Pour décrire l’action de Dieu, Jean Baptiste utilise trois images : la plongée, le vent et le feu.
L’Esprit de Dieu veut nous bousculer comme un vent de tempête dans lequel on est plongé, comme un feu qui brûle et décape toutes nos souillures.
Voilà ce que nous offre ce temps de Pénitence et de conversion qu'est le temps de l'Avent que nous avons l’occasion de vivre avant Noël,avant les fêtes. Qu’il nous conduise plus avant vers le vrai bonheur, le chemin de la paix du coeur.
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