Les sessions dites Agapè reviennent en août au Grand séminaire du Puy, avec pour mission de contrer les dérives psychologiques et surtout sans leur fondateur Bernard Dubois. Pour éviter les déviances et critiques émises ces dernières années.
L’Église n’est pas un cabinet de médecine ou de psychothérapie. Voici en substance le message qu’a envoyé mardi, l’évêque du Puy Luc Crepy, à l’Église de France et aux croyants.
Exit Bernard Dubois
Un virage à 180 degrés après la politique menée par son prédecesseur Henri Brincard. Les sessions psycho-spirituelles dites Agapè, étaient apparues, dans les locaux du Grand séminaire, en 2005, avec l’arrivée au Puy de leur fondateur, Bernard Dubois, un membre de la communauté des Béatitudes. D’abord discrètes, ces retraites visaient à tenter de résoudre des problèmes et blessures de vie par une relecture à base d’évangile. Près de 7.000 personnes en quinze ans, essentiellement domiciliées en dehors du département, les avaient suivies quand un rapport de la conférence des évêques de France, révélé par l’Éveil, avait déclenché une vive polémique. Certaines techniques de questionnement des retraitants, certaines interprétations de blessures de vie (divorce, avortement, séparation…) avaient conduit à fragiliser encore plus certains participants. L’évêque de l’époque avait alors plaidé la présence d’un comité de vigilance et d’une réécriture de la méthode. En vain. Les plus critiques dénonçaient de faux souvenirs, des souvenirs induits après les retraites.
« Nous sommes tous coupables », dit l’ancienne présidente de l’association Agapè, Annie Bardet, « beaucoup d’accompagnateurs étaient lucides, d’autres ne le voyaient pas en raison de l’aura de Bernard Dubois mais avec Monseigneur Crepy, les gens ont été obligés de se positionner ».
« Une œuvre d’Église n’a pas besoin de comité de vigilance »
LUC CREPY
Luc Crepy a en effet pris le taureau par les cornes conscient des déviances : « une œuvre d’église qui a besoin d’un comité de vigilance, ce n’est pas possible ». Le fondateur Bernard Dubois et quelques proches qui focalisaient les critiques ont été écartés en fin d’année dernière.
L’évêque du Puy Luc Crepy a surtout nommé le frère Xavier Pollart, un dominicain, pour ramener de la spiritualité biblique dans l’enseignement et pour gommer tous les aspects “psychologiques” de la retraite. La centaine d’accompagnateurs des retraites Agapè (religieux et laïcs) a été formée à de nouvelles méthodes, moins intrusives qui « laissent toute liberté aux participants » dit le frère Pollart qui résume : « l’intention de l’Agapè était bonne mais il fallait revoir le chemin ».
Les sessions, après un arrêt de six mois, vont donc reprendre à la fin du mois d’août prochain. Le nouveau président de l’association est Guy Bellier, un membre de l’Agapè depuis plusieurs années.
Enfin, l’Agapè a désormais un statut d’association publique de fidèles. L’évêque, en ramenant les sessions totalement dans l’église, veut sortir d’une simple reconnaissance diocésaine.
« Je veux redonner de la crédibilité à l’Agapè et que l’on ne soit plus sujet à critiques », conclut l’évêque du Puy, « maintenant je peux dire à mes confrères évêques d’envoyer des gens au Puy ». Il reste néanmoins prudent et fera un premier bilan de la réforme dans un an.
Julien Bonnefoy
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