Ex-ouvrier agricole, Gaëtan Lormel a repris les études pour devenir prêtre. Passionné de danse bretonne, l'apprenti curé âgé de 39 ans entre en quatrième année, au séminaire de Rennes.
L'agriculture, la danse et la foi. C'est sa Sainte Trinité à lui. À 39 ans, Gaëtan Lormel s'apprête à reprendre le chemin de l'école, au séminaire, à Rennes. Le 12 septembre, l'ex-ouvrier agricole passionné de danse bretonne réalisera sa quatrième rentrée en tant qu'apprenti curé. Le futur prêtre confesse ses hésitations passées, à présent dissipées.
« Amoureux des vaches »
« Mes parents ? Croyants par tradition », présente Gaëtan Lormel, résidant à Saint-Symphorien, en Pléven. Engagé dans sa paroisse de campagne, le trentenaire se dit par ailleurs « amoureux des vaches » qu'il découvre tout-petit, grâce à un voisin agriculteur, Jean-Pierre. Voisin qui lui fera également découvrir la danse bretonne, en fest-noz et au sein du groupe folklorique jugonnais La Rosargue. Passionné de ruralité, le jeune Gaëtan, fils d'un ouvrier chauffeur et d'une couturière, se destine alors à devenir exploitant agricole. Bac pro en poche, obtenu en 1995 au lycée agricole de Caulnes, le jeune homme est ensuite salarié dans un élevage de veaux, à Pluduno, avant de partir faire son service militaire à Dinan.
« Un mois sans parler »
De retour à la vie civile, Gaëtan retrouve ses activités agricoles, notamment comme agent de fabrication d'aliment pour élevage, à Yffiniac. Sans vraiment se poser de question, jusqu'à ce 3 février 2009, 16 h. « J'étais élu municipal de Pléven, et chargé d'inviter Mgr Fruchaud, pour l'inauguration des travaux réalisés dans notre église. L'évêque me dit alors : " il est bien de rénover la petite église de son village, mais il faut penser à la rénovation de l'église universelle. Gaëtan, as-tu pensé à devenir prêtre ? " Tu parles d'une question embarrassante. J'y pensais, depuis longtemps, mais j'avais fui cette question, qui me dérangeait énormément », se remémore Gaëtan, qui se laissera quelque temps de réflexion, avant d'entreprendre une année de préparation au séminaire, dite « propédeutique ». « On a notamment passé un mois sans parler, en Ardèche, sans portable ni journal. Après cette mise à l'épreuve, j'ai eu la conviction que je voulais être prêtre », indique Gaëtan, qui goûte à nouveau à la vie de salarié agricole pendant encore un an, et se lance en septembre 2013, au séminaire Saint-Yves, à Rennes.
« Platon et Aristote, mes nouveaux potes »
« J'avais peur de reprendre des études, c'était un frein.
Une prof était étonnée que je ne connaisse pas le linguiste de Saussure... Mais je n'ai pas gardé les vaches avec lui ! J'ai aussi découvert la philo, Platon et Aristote sont devenus mes nouveaux potes.
C'est du travail, mais l'aventure vaut le coup. Je n'ai jamais été aussi heureux », sourit le séminariste en vacances, de retour des JMJ de Cracovie, où il a notamment pu éprouver « la compassion des autres nations », au lendemain de l'assassinat du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray (76). Peu sujet à la crise de foi, Gaëtan a un souhait, à l'issue de ses six années d'études : « devenir prêtre au service du diocèse de Saint-Brieuc ». Sans pour autant se départir de la passion qu'il a chevillée au corps, la danse.
Danse mal vue par l'Église, dans des temps pas si anciens. Les institutions religieuses n'ont-elles d'ailleurs pas donné son surnom à l'accordéon, la « boîte du diable » ? Mais qu'importe, le danseur apprenti prêtre n'en a cure.
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