martes, 24 de mayo de 2016

Dimanche de la Trinité

Homélie pour une circonstance spéciale:

"Notre responsabilité comme chrétien, chrétienne,

face au Suicide assisté ou l'euthanasie."

Frères et soeurs,

Depuis plusieurs mois, nous entendons parler à la TV, soit aux News ou dans des programmes spéciaux, que le Gouvernement du Canada s'apprête, à voter, le 6 juin prochain, la Loi C 14, c'est à dire la pratique du suicide- assisté ou l'euthanasie. Et si cette Loi est adoptée, nous devons reconnaître qu'elle aura des implications bien sérieuses sur notre vie et même sur notre mort.

Il est bien possible que dans nos conversations avec d'autres personnes et avec les défis de notre milieu culturel, nous soyons tentés, si nous n'y réfléchissons pas sérieusement, de nous laisser entrainer par la mode et le style de la pensée populaire, et de nous laisser facilement prendre au piège de suivre la foule, de "faire comme les autres", car nous savons que cette Loi sera adoptée et que ceux et celles qui la contestent, comme nous, sont en minorité dans le pays.

Quelles sont les implications d'une telle loi?

Tout d'abord, je dirais qu'elle reflète ce que nous savons tous, que notre société canadienne s'éloigne de plus en plus des valeurs qui étaient autrefois respectées et enracinées dans notre tradition, issue de la foi chrétienne. Et que si ces valeurs ne sont plus là, ça veut dire que le respect pour la vie, de la conception à la mort naturelle, n’est plus présumé ou anticipé; il n’est plus protégé par la loi.

Selon la compréhension humaine de la vie et de la mort, l’euthanasie et le suicide assisté ont toujours été inacceptables et considérées comme mauvais selon les normes traditionnelles de la morale, de l'éthique médicale et de diverses perspectives religieuses.

Selon ce projet de la loi, “les professionnels de la santé et les établissements doivent accepter sans conditions, cette loi, de pratiquer cette procédure ou à prendre les arrangements pour qu'elle se fasse (aiguillage)”.

Et comme chrétiens, chrétiennes, comme catholiques, face à la défense de la vie, face au mystère de la souffrance et de la protection des plus vulnérables, en conscience, il nous faut réagir.

Tout au long de notre vie, et plus particulièrement quand nous avançons en âge, nous nous retrouvons souvent face à la mort d'un de nos proches parents, d'amis ou même d'une maladie qui nous assaille. et qui peut entraîner notre mort. C'est là que notre foi vient éclairer ces moments difficiles. Elle nous dit " que le Christ est mort et ressuscité, que la vie ne se termine pas avec la mort... que la vie est transformée et que nous sommes tous appelés à vivre éternellement. C'est ce que nous célébrons lorsque nous nous retrouvons pour l'Eucharistie et c'est ce qui nous permet de regarder l'avenir avec espérance.

Avec une telle espérance, avec l’aide de la communauté de foi (notre paroisse) et avec l‘accompagnement de nos frères et sœurs, il est possible d’affronter même ces moments difficiles de la fin de vie sans tomber dans le désespoir ou se croire abandonnés des autres.

Et maintenant que le suicide assisté va devenir de plus en plus une pratique commune dans notre société séculière et pragmatique, nous, comme catholiques, devons apprendre à vivre notre foi au milieu de cette culture "glaciale" qui exclut ce droit de la vie et qui promeut la mort plutôt que le respect de la vie.

Quoi faire?
1. Nous devons être très attentifs et prudents dans le choix de ceux et celles qui vont nous fournir des soins. Insistons pour qu’on respecte nos valeurs chrétiennes. Dialoguons sérieusement avec les membres de notre famille et de notre communauté au sujet de nos souhaits, intentions et volontés dans les circonstances de la fin de notre vie.

2. Exigeons de nos institutions provinciale ou fédérale de la santé, des soins palliatifs, qui sont, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, " une approche qui améliore la qualité de e des patients et de leurs familles confrontées aux problèmes liés à la maladie mortelle, par la prévention et le soulagement de la souffrance. Ceci se fait au moyen d'une identification précoce, de l'évaluation et du traitement de la douleur et d'autres problèmes, soit physiques, psychologiques et spirituels".

3. Demandons au gouvernement de fournir la protection législative aux professionnels de la santé et
aux établissements qui s'opposent à l'euthanasie et à l'aide au suicide en raison de leurs convictions morales ou de leur mission et leurs valeurs institutionnelles. Ceux et celles qui s'opposent à l'euthanasie et à l'aide au suicide ne devraient jamais être contraints à pratiquer cette procédure ou à prendre les arrangements pour qu'elle se fasse (aiguillage).

4. Demander l’aide de notre communauté de foi est de première importance. Elle contrecarre les raisons principales qui pousseraient des personnes à demander une mort "médicalement assistée". Ces raisons ne sont pas d'abord une douleur intraitable ou intolérable mais plutôt la peur de perdre sa dignité, la culpabilité de devenir un poids pour les autres, l'incertitude face aux besoins de soins ou encore un sentiment de perdre le contrôle de sa vie.Ce sont toutes des questions de souffrance humaine pour lesquelles la médecine n’a pas d’ordonnance, mais où la communauté, éprise d’un engagement ferme de prendre soin de l'autre, peut faire beaucoup pour alléger les souffrances.

Notre Communauté chrétienne doit s'engager.

Notre évêque, Monseigneur Mancini, déjà en février nous a écrit pour qu'ensemble, comme membres de l'Église d'Halifax-Yarmouth, nous sachions faire face à cette réalité et je suis persuadé qu'il y reviendra sous peu.

Il nous rappelle "qu'en cette année de la Miséricorde le pape François nous a mis au défi de devenir des communautés évangélisatrices en démontrant plus de compassion, en nous engageant plus à fond dans la vie des gens, en affrontant les luttes pénibles de la vie humaine, en diversifiant notre action par notre manière chrétienne d’aider, en nous soutenant les uns les autres et en laissant savoir à nos frères et sœurs que nous comprenons leurs souffrances de l’intérieur.

Il nous dit " qu'il sera nécessaire et essentiel pour notre Église de développer une pratique pastorale de soins teintée de compassion avec laquelle nous devrons accompagner tous nos frères et sœurs chrétiens. Ayons une attention toute particulière envers les malades et les personnes âgées, les plus vulnérables et les pauvres."

C’est pourquoi, dit-il, "j’interpelle chaque prêtre, diacre, ministre religieux ou laïque, à travailler avec l’ensemble des fidèles pour établir un ministère pastoral de soin et de compassion dans chacune de nos communautés de foi. De cette manière, la souffrance pourra devenir quelque chose de significatif et de sacré, pourvu que nous partagions notre foi et notre confiance en l’amour de Dieu que nous exprimons dans la manière dont nous prenons soin de nos frères et sœurs."

Frères et soeurs, prions ce matin pour tous ceux et celles qui sont en fin de vie, prions pour ceux et celles qui détiennent l'autorité dans notre société, pour qu'ils prennent des décisions et agissent toujours pour le bien-être de tous les habitants de notre beau pays.

Après la messe, je vous invite à faire un geste de solidarité en signant une lettre qui sera envoyée aux autorités fédérales (notre député Colin Fraser et Madame la Ministre de la Justice) leur demandant de travailler à l'établissement des soins palliatifs sur tout le territoire canadien et à respecter la liberté de conscience des professionnels de la santé.





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