Depuis l’origine, cette pensée du Christ a été reçue comme un appel à la liberté de conscience : le chrétien doit être un membre loyal de la société.
Il doit aimer son pays, son milieu.
Mais, pour lui, ni l’État, ni la Nation, ni la société, ni son milieu
ne sont les valeurs suprêmes.
Il fut un temps où des chrétiens, en refusant d’adorer l’empereur,
semblaient refuser l’unité de l’empire.
Il fut un temps où l’empereur s’est servi du christianisme
pour faire l’unité de son pays…
Et pour maintenir chacun à sa place !
« La première disposition que Dieu demande de vous, c’est d’être contents de votre état de pauvreté », disait aux pauvres Maître Lambert, curé de Palaiseau, en 1776.
Apparut un troisième temps où, non seulement chacun doit dire son mot,
mais a le devoir de lutter contre ce qui écrase l’homme.
La démocratie apparaît. Elle n’est pas sans difficulté pour le chrétien !
Certes, que chacun s’exprime, c’est bon…
Mais comment accepter que s’exprime ce qui est moralement mauvais ?
Le Pape Pie XII, déjà, demandait aux chrétiens d’écouter le Christ
et d’accepter de laisser croître l’ivraie avec le bon grain
et, donc, d’accepter de ne pas inscrire toute la morale chrétienne dans la loi civile.
Ce qui est fondamental pour Pie XII, c’est de participer aux débats en donnant son avis.
Il est vrai qu’à l’époque, beaucoup pensaient que la démocratie occidentale s’imposerait partout. L’avenir semblait s’ouvrir à la justice, à l’entente, à la paix.
Et les chrétiens étaient porteurs de ce sens de l’avenir dans le débat public.
Aujourd’hui, la société est pessimiste sur l’avenir de la démocratie.
Elle se sait prisonnière des lois du marché et de celles de la communication.
Elle constate que l’État-providence menace de se déliter.
Elle prend acte de ce que le refus du progrès et la pensée radicale se servent du religieux.
Alors, doit résonner l’appel du Christ à la conscience.
La manière dont nous, chrétiens, devons vivre la laïcité
s’appelle résistance au pessimisme, espérance…
S’appelle refus des replis, ouverture à l’autre…
S’appelle intelligence du présent, travail pour lutter contre les maux d’aujourd’hui
et confiance dans l’avenir : il appartient à Dieu.
Mgr Michel Dubost
Évêque d’Évry – Corbeil-Essonnes
le 4 avril 2016
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